Ici

C’est l’histoire d’un couple… Oh ! La ! La ! Ça commence mal ! Ben oui, justement ils sont divorcés, comme on dit. Séparés. Deux points de vue. Contradictoires ? C’est pourtant la même histoire ! Certes, mais avec un homme et une femme ! Voyez, c’est ça qui complique tout. Alors, pli sur pli, en avancée d’écriture, une auteure Pauline Sales et un auteur David Lescot— eux, complices — écrivent, face à face, en vis-à-vis ?, chacun sa version — pour chacune et chacun.

Bon. Alors interviennent un metteur en scène (Jean-Marc Bourg), une comédienne (Fabienne Bargelli) et un comédien (Jean-Yves Duparc). Tiens, là, ils sont trois. C’est bien, ça, la présence du tiers ! Le tiers indispensable pour qu’il y ait du jeu …

Plis sur pli, en avancée d’écriture, on enqu ête donc sur une rupture consommée il y a dix ans : « Je veux savoir ce qui s’est passé ici ». ICI… ? !

Alors on déplie : des faux plis, des replis. On suit un pli jusqu’à un autre pli — déjà replié. Là, les explications (implications ?) qui compliquen t tout. Ça fronce ! Pli de fronce entre voix ascendante (femme) et voix descendante (homme). Un pli de plus. Repli sur soi comme le papillon plié dans la chenille et qui se déplie en grands plis composés…  » Ici  » on vit dans les plis, dans des pans de pli s, dans des drapés… Une draperie. Autre amplitude ! Mais le pli se casse… crée une faille, ein Zwiefalt, un pli-de-deux, entre deux, entre eux deux ! Cette faille, cet « entrepli » va faire charnière — zône d’inséparabilité !

 » Emplie de moi Emplie de t oi. Emplie de voiles sans fin de vouloirs obscurs. Emplie de plis. Emplie de nuit. Emplie de plis indéfinis, des plis de ma vigie. Emplie de pluie. Emplie de bris, de débris, de monceaux de débris. Des cris aussi, surtout de cris. Emplie d’asphyxie…  » Hen ri Michaux.  » La vie dans les plis « . Poésie/Gallimard

Frisson… Froissement d’étoffe… C’est Elle qui parle. Peut-il en être autrement ?

Ornella, 22 octobre 2006 Après avoir vu  » Ici « , créé au  » Théâtre d’O », à Montpellier, en octobre 2006