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  1. Emmanuel Levinas, Le Temps et l’Autre, p. 27

    « L’insomnie est faite de la conscience que cela ne finira jamais, c’est à dire qu’il n’a aucun moyen de se retirer de la vigilance à laquelle on est tenu. Vigilance sans aucun but. Au moment où on y est rivé, on a perdu toute notion de son point de départ ou de son point d’arrivée. Le présent, soudé au passé, est tout entier héritage de ce passé ; il ne renouvelle rien. C’est toujours le même présent ou le même passé qui dure. Un souvenir — ce serait déjà une libération à l’égard de ce passé. Ici le temps ne part de nulle part, rien ne s’éloigne ni de s’estompe. Seuls les bruits extérieurs qui peuvent marquer l’insomnie, introduisent des commencements dans cette situation sans commencement ni fin, dans cette immortalité à laquelle on ne peut pas échapper, toute semblable à l’il y a, à l’existence impersonnelle. Vigilance, sans refuge d’inconscience, sans possibilité de se retirer dans le sommeil comme dans un domaine privé. Cet exister n’est pas un en-soi, lequel est déjà la paix ; il est précisément absence de tout soi, un sans-soi. »

  2. René CHAR disait : « La lucidité est la blessure la plus rapprochée du soleil ».
    C’est cette lucidité que nos puissants ont perdue, au risque de la faire s’éteindre à leurs peuples. Nous avons oublié que toute l’histoire du monde est faite de migrations, et que l’autre c’est nous-même, au-delà même de toute tradition – ou non – d’accueil et de partage.
    Ce monde dit global est en fait, au contraire, divisé en de multiples fractures, refuges à tous les replis, toutes les exclusions. Il ne s’agit même plus d’aveuglement, mais de regards volontairement fermés.Il nous reste à lutter pour un retour à l’intelligence.

  3. Sur la newsletter de Télérama, ce jour 25 sept 2018

    “Aquarius” : c’est notre histoire qu’on écrit

    Juliette Bénabent

    En 1939, neuf cent soixante-trois Juifs fuyant l’Allemagne arrivèrent jusqu’à Cuba à bord du paquebot Saint-Louis, dans l’espoir de gagner les Etats-Unis. Cuba puis Roosevelt interdirent les débarquements, et le capitaine, la mort dans l’âme et la rage au cœur, dut faire demi-tour vers l’Europe embrasée, où nombre des passagers périrent en déportation. Près de quatre-vingts ans plus tard, un autre navire erre à la recherche d’un havre pour les exilés qu’il transporte, dans un sinistre bégaiement de l’histoire. Depuis février 2016, l’Aquarius a sauvé plus de vingt-neuf mille vies en Méditerranée. Propriété d’une compagnie maritime allemande, affrété par deux ONG européennes, il fonctionne grâce à des professionnels de dix-huit nationalités différentes. Face à la paralysie des Etats, l’Aquarius est la dernière réponse européenne au « défi migratoire » (les arrivées en Italie ont chuté de 80 % depuis 2016, selon l’OIM). Le dernier témoin d’une Europe de l’asile et des droits de l’homme, le dernier visage solidaire – avec ceux de tous les citoyens anonymes engagés dans l’accueil. Depuis la fermeture des ports italiens par Matteo Salvini, chaque sauvetage donne lieu à de sordides tractations entre Etats européens. L’Espagne puis Malte (et non la France) ont sauvé in extremis l’honneur de l’Union, au prix de discussions de marchands de tapis sur la répartition de dizaines de personnes, et sans régler la question du futur pavillon de l’Aquarius – à qui Panama retire le sien sous la pression italienne. Mais pour combien de temps ? Si l’Europe a une mémoire, elle ne peut se résoudre à avoir pour seul horizon de laisser les damnés de notre planète se noyer loin de tout regard, de toute main tendue. Chacun de ces naufrages est aussi le sien.

  4. « Le bazar des étreintes », drôle d’endroit pour une rencontre !

    Effectivement, mais c’est à Buenos-Aires et… en ces jours où la solitude étreint beaucoup d’entre nous, où l’amitié et l’affect trouve leurs réponses sur internet, le tango ouvre l’opportunité d’une rencontre vivante, corps à corps,ainsi qu’un espace permettant de vivre des expériences émotionnelles, sensuelles et artistiques

  5. Delirio

    Georg Friedrich Händel / Zad Moultaka
    Eine Überschreibung von Händels IL DELIRIO AMOROSO
    Mit einem neuen Text von Hyam Yared
    Musikalische Leitung: Christian Karlsen
    Inszenierung: Wolfgang Nägele
    Mit Flurina Stucki, Matthew Peña, Paull-Anthony Keightley, Guilhelm Terrail sowie Musikern des Orchesters der Deutschen Oper Berlin
    Uraufführung am 4. Juni 2019

  6. Das Brücke-Museum präsentiert zeitgleich die Ausstellung « Flucht in die Bilder ? Die Künstler der Brücke im Nationasozialismus, die sich erstmal kritisch und ausführlich mit der künstlerischen Praxis, den Handlungsspielräumen und dem Alltag der Brücke-Künstler im Nationalsozialismus beschäftigt, sodass sich beide Ausstellungen voertrefflich ergänzen und wechselseitig kommentieren.

  7. Hambourg (AP) – Dans le débat sur le peintre Emil Nolde, l’expert littéraire Günter Berg a défendu l’écrivain Siegfried Lenz.

    L’hypothèse selon laquelle Lenz (1926-2014) stylisait unilatéralement le peintre dans son roman « Deutschstunde » publié en 1968, victime de l’interdiction des nazis, a influencé la vision positive de Nolde dans l’après-guerre, fondée sur une incompréhension de la fonction de la littérature a déclaré l’ancien éditeur ( Suhrkamp , Island, Hoffmann et Campe) et membre du conseil d’administration de la Fondation Siegfried Lenz. « Avec la » leçon d’allemand « , Lenz n’a pas voulu écrire un roman clé sur Nolde», a souligné Berg.

    « Il y a un désir ardent que la littérature nous éclaire dans chaque détail de la réalité. Mais c’est un vrai malentendu « , a déclaré Berg. Lenz se concentrait sur le conflit entre le peintre et les nazis et ce conflit existait réellement – Nolde avait été ostracisé par les nazis en tant qu ‘ »artiste dégénéré » à cause de son art expressionniste.

    La «leçon d’allemand» est l’un des plus grands succès littéraires en Allemagne après 1945. Elle était une lecture obligatoire en cours d’école et traduite dans de nombreuses langues. Dans le personnage fictif du peintre Nansen, contre lequel les nazis interdisent la peinture, était facilement reconnaissable en tant que modèle Nolde. Entre-temps, de nouvelles évaluations scientifiques du domaine de Nolde (1867-1956) ont étayé l’attitude antisémite du peintre expressionniste et sa proximité avec l’idéologie nazie. Récemment informé à Berlin de l’exposition «Emil Nolde – Une légende allemande. L’artiste sous le socialisme national », qui a déjà attiré plus de 10 000 visiteurs. La question était d’autant plus explosive que la chancelière Angela Merkel avait suspendu deux photos de Nolde à son bureau et ne souhaitait pas obtenir le remboursement de ses prêts.

    Berg a expliqué que Siegfried Lenz lui-même avait dit, à propos de son approche littéraire, qu’il y avait au départ un sujet, un conflit et qu’il cherchait ensuite le tableau personnel. Trouver plus tard une vérité documentaire dans la « Leçon allemande » avec les faussetés désormais connues de Noldes était une attente qui pourrait remplir le roman à tout moment.

  8. Madame rêve d’atomiseurs
    Et de cylindres si longs
    Qu’ils sont les seuls
    Qui la remplissent de bonheur
    Madame rêve d’artifices
    De formes oblongues
    Et de totems qui la punissent
    Rêve d’archipels
    De vagues perpétuelles
    Sismiques et sensuelles
    D’un amour qui la flingue
    D’une fusée qui l’épingle
    Au ciel
    Au ciel
    Alain Bashung et Pierre Grillet, paroles extraites de la chanson « Madame Rêve », 1991

  9. Le 21 janvier 2020, nous avons rencontré Laetitia Guédon à La Fabrica, venue présenter sa création
    « Penthésilé-e-s. Amazonomachies »
    Pour en savoir plus, rendez-vous sur e site du Festival d’Avignon.

  10. Dans Ombre (Eurydice parle) s’élève la voix de celle qui rejoint le royaume des morts, suite à la morsure de l’aspic. Elle est le rien, l’être qui n’est plus et le proclame loin des clameurs des foules : « Je ne suis plus rien. Je suis. » Libérée car délestée de son apparence et de la dépendance, elle envisage sa vie d’ombre comme une échappatoire à l’aliénation terrestre.

    Écrivaine restée dans l’ombre de son mari rockeur, Eurydice dresse un portrait acerbe d’Orphée en pop star, ivre des feux de la rampe et des cris de ses groupies. En glissant chez les ombres, elle ne pourra plus « se mettre au fourneau ni travailler à son manuscrit tout juste commencé »… Fanatique de mode, cette Eurydice d’aujourd’hui est une acheteuse compulsive, pour n’être finalement plus que revêtement, enveloppe, dépouille, avec un profond sentiment de délivrance. Apparence qui dit le vrai et déjoue les hypocrisies, elle est l’envers du décor, le contre-pied du récit ancestral, celle qui écrit sa propre histoire contre l’injonction patriarcale du mythe, l’être qui a enfin pris possession de soi-même et de son corps, maintenant qu’ils ne sont plus.

    Entrelaçant à sa manière paroles mythologiques, discours politiques, théories psychanalytiques, paroles toute faites, langages publicitaires et autres embrigadements de la langue, dans un flux de mots et d’images crues et saisissantes, Elfriede Jelinek donne libre cours à cette voix féminine longtemps restée dans l’ombre.

    Ombre (Eurydice Parle), d’Elfriede Jelinek est une fiction enregistrée en public, à Avignon en 2018.

  11. Vous pouvez voir comment cela a fait écho >
    https://isias.lautre.net/spip.php?article1157
    ISIAS Psychologie – « Les impacts du confinement et du télétravail sur la santé mentale, et l’importance psychologique du toucher entravé par les mesures barrières » par Jacques Hallard – mardi 8 décembre 2020, par Hallard Jacques
    Et cela peut aussi être utile >
    https://isias.lautre.net/spip.php?article1342
    « De la colère au ressentiment délétère : comment s’en guérir avec la reconnaissance de la beauté comme source d’émotion esthétique d’après Edgar Morin, sociologue et philosophe de la complexité et Cynthia Fleury, psychanalyste et philosophe de la santé (entre autres) » par Jacques Hallard –
    dimanche 1er août 2021, par Hallard Jacques – ISIAS Philosophie Ressentiment Esthétique – Plan du document : Préambule Introduction Sommaire {{}}Auteur
    Bonnes lectures. Jacques Hallard.

  12. Thomas Bernhards Roman war kaum erscheinen, da wurde er in Österreich am 29-8-1984 auf gerichtliche Anordnung aus den Buchhandlungen beschlagnahmt und blieb wochenlang verboten.
    Der Komponist Gerhard Lampersberg und seine Frau Maja fühlten sich persönlich verunglimpft und hatten Klage gegen das Buch eingereicht.
    Erst im Februar 1985 wurde diese Klage zurückgezogen

  13. Bonjour,
    Merci de nous avoir communiqué e sujet de cette expo. Pourrais-tu envisager de faire à Avignon une conférence sur Kleist et Caspar David Friedrich, à une date qui te conviendrait, peut-être début 2023 ? Si l’AFA existe encore, bien sûr, ou sinon dans un autre cadre.
    Amitiés
    Michel Salenson

  14. Oui, Michel, j’en serais ravie.
    Ravie de tenir cette conférence,
    ravie que l’association AFA existe encore…
    Appelons-nous, Michèle

  15. «Sciences Po Paris ignore ce qu’est la nature du tango et son histoire»
    Par Luis Alberto Quiroga
    Publié le 12/12/2022 à 12:06, Mis à jour le 12/12/2022 à 16:09
    «Le tango est une danse qui exemplifie le rapport de séduction entre l’homme et la femme.»

    FIGAROVOX/HUMEUR – Le musicien et danseur de tango Luis Alberto Quiroga revient sur la polémique autour du départ d’une professeure de danse de Sciences Po Paris. En voulant passer le tango au filtre du politiquement correct, l’école nie l’essence même de cet art, explique-t-il.

    Luis Alberto Quiroga est musicien et danseur de tango.

    La nouvelle du départ de Valérie P, professeur de danse de l’école Sciences Po Paris, au motif qu’elle persiste à vouloir enseigner à ses élèves le rôle et la chorégraphie propres aux hommes ou aux femmes, et non aux «leaders» et aux «followers» plonge le musicien de tango que je suis dans un état de rare perplexité. Me vient à l’esprit le merveilleux tango d’Astor Piazzolla, Tristeza de un doble A, (Tristesse d’un double A), écrit en hommage à son instrument dont les deux A qui font référence aux constructeurs de bandonéons allemands Alfred-Arnold. Mais au regard de ce qui s’est passé à Sciences Po Paris, ces deux A seraient «affligeant» et «accablant». Affligeant et accablant, en effet, de tout vouloir passer à la loupe du politiquement correct, surtout en ce qui concerne l’art.

    On pourrait dire beaucoup des choses sur les origines du tango. Il est né dans les faubourgs de Buenos Aires à la fin du XIXe siècle, où les ouvriers immigrés italiens, africains, cubains et antillais dansaient entre hommes au moment de leurs pauses. Mais ils ne dansaient pas, ils pratiquaient, car c’est le soir, dans les bordels, qu’ils dansaient avec les femmes. Une danse qui a apporté au bal populaire une nouvelle dimension très charnelle, celle d’un contact physique étroit, mais aussi d’une complicité émotionnelle qui s’exprime à travers le corps. Et cette danse, considérée comme vulgaire et immorale à ses débuts, est devenue un grand art après avoir traversé l’Atlantique et avoir été acceptée par la haute société parisienne. Voilà ce qu’est le tango : une danse qui exemplifie le rapport de séduction entre l’homme et la femme. Oui, une danse hétérosexuelle. Que cela plaise ou non, l’essence du tango est là ; dans ces rôles bien déterminés de l’homme qui essaie de séduire la femme et de la femme qui se laisse séduire et conduire. Et je dis bien qu’elle se laisse conduire, car sans cette volonté féminine de permettre librement à l’homme de la conduire, l’homme ne pourrait rien faire. Vouloir nier cela, c’est nier la nature du tango et son histoire.

    Réviser tout ce qui ne nous plaît pas dans notre patrimoine historique et culturel, au nom de ces idées « éveillées » est une dérive idéologique nocive, et la preuve d’une grande pauvreté intellectuelle
    Luis Alberto Quiroga

    Bien évidemment, deux hommes, deux femmes, peuvent danser ensemble. Il n’y a pas à débattre là-dessus, le problème n’est pas là. Le problème se pose lorsqu’au nom de cette idéologie égalitaire, on prétend faire table rase, en niant un héritage artistique et en voulant changer sa nature. Réviser tout ce qui ne nous plaît pas dans notre patrimoine historique et culturel, au nom de ces idées «éveillées» est une dérive idéologique nocive, et la preuve d’une grande pauvreté intellectuelle. Va-t-on aussi chanter les paroles de ces danses, souvent dramatiques, contant des amours contrariées et déchirantes, en écriture inclusive ?

  16. Jette Steckel, 1982 in Berlin geboren, ist Hausregisseurin am Thalia Theater Hamburg. Sie inszenierte am Schauspiel Köln, am Burgtheater Wien, an verschiedenen Opernhäusern und regelmäßig am Deutschen Theater Berlin. Für ihre Inszenierung von »Nachtblind« von Darja Stocker wurde sie von der Zeitschrift Theater heute zur Nachwuchsregisseurin des Jahres 2007 gewählt. »Gerettet« von Edward Bond wurde 2008 mit dem Eysoldt -Preis für junge Regisseure, »Romeo und Julia« von William Shakespeare 2015 mit dem Theaterpreis DER FAUST ausgezeichnet. 2017 gewann sie mit »Das achte Leben (Für Brilka)« von Nino Haratischwili den Rolf-Mares-Preis, mit »Das mangelnde Licht« 2023 abermals den FAUST. »Prinz Friedrich von Homburg« ist ihre erste Inszenierung an der Schaubühne.

  17. Traduction :

    Plaidoyer pour la mort et l’indécision
    L’auteur et metteur en scène Nino Haratischwili présente une Penthésilée ambivalente au Deutsches Theater Berlin.
    Par Katja Kollmann 3 min TAZ 26.2.24

    Chez Nino Haratischwili, Penthesilea existe deux fois. Almut Zilcher est la Penthésilée sage et mélancolique, à l’aise dans tous les niveaux temporels. Elle sait ce qui a été et sait ce qui sera. Et c’est ainsi qu’elle regarde son alter ego, qui ne vit que dans le présent, avec un regard qui allie ironie et empathie. Dans les premières minutes, l’intemporelle Penthesilea est seule sur la scène du Kammerspiele du Deutsches Theater Berlin. Almut Zilcher est accroupie sur le sol. Autour d’elle, des bandes de tissu blanc qui font penser à des ailes.

    Elle a l’air d’un ange déchu, se redresse et entre en medias res : « Ils seront bientôt là, alors je devrais m’exercer à la haine, que j’ai pourtant désappris depuis longtemps ». Ses guerrières exigeront d’elle la victoire contre le Grec Achille. Car depuis neuf ans déjà, la guerre fait rage autour de Troie, les Amazones s’y sont laissées entraîner. Mais le général et la commandante se désirent désormais et appellent cela de l’amour. « Notre sang au moins peut s’unir. Tue-moi. Ou je te tuerai », conclut Zilcher dans son monologue d’ouverture. L’auteur Haratischwili transforme le désir animal des deux hommes en un massacre mutuel. Une nouvelle variante dans le complexe Penthesilea-Achill : dans le mythe antique, Achille assassine la reine des Amazones, chez Kleist, c’est l’inverse. Haratischwili plaide pour la mort et l’indécision.

    Dans « Penthesilea : un requiem », il faut deux heures pour arriver au double meurtre. Les faveurs du public vont et viennent entre les personnages. L’Achille de Manuel Harder se montre de guerre lasse, il accompagne ses gestes de souverain d’ironie. Sa coolitude d’alpha n’en est pas amoindrie pour autant. Il le sait. La Penthésilée contemporaine d’Eka Nizharadze tient longtemps la pose de la guerrière, prend un air follement sévère puis craque. Nino Haratischwili a écrit une pièce bilingue. La mélodie de la langue allemande et celle de la langue géorgienne se rencontrent et se chargent mutuellement. Un rappel sensuel que les deux personnages principaux viennent de contextes culturels très différents. Thersites, le serviteur d’Achill, est introduit comme personnage secondaire et se voit attribuer le monologue le plus important de toute la pièce : un règlement de comptes avec le comportement égocentrique, irresponsable et inhumain de son patron. Des morts et encore des morts en sont le résultat. Le nouveau venu du DT, Jens Koch, se tient sur la rampe et s’adresse à son chef d’armée, qui veut le faire taire à coups de poing et finit par le noyer. Le Thersites de Koch ne peut pas perdre sa dignité, car il l’a conquise de haute lutte. C’est la vibration qui arrive dans la salle.

    Le tic-tac du réveil annonce le compte à rebours, des roulements de tambour retentissent, puis des rubans extensibles sont descendus du sol à lacets. La metteuse en scène Haratischwili fait de Harder et Nizharadze des marionnettes qui se balancent. Suspendues dans les rubans, elles jouent presque en apesanteur au désir et à la destruction. Quelques minutes auparavant, ils se tiennent tous deux derrière des parois de verre mobiles. Ils effacent ainsi la séparation entre la réalité et la fiction, parlent d’illusion et rappellent la

    en même temps à la projection. (Scène : Julia B. Novikova) Au deuxième anniversaire de la guerre d’agression russe en Ukraine, Penthésilée est abordée différemment qu’il y a un peu plus de deux ans. Le texte plein d’énergie de Haratischwili invite à se comporter avec les personnages. Et il parvient à poser de nouvelles questions en laissant les personnages s’exprimer dans toute leur ambivalence. A la fin, la Penthésilée du surmoi d’Almut Zilcher est à nouveau seule sur scène et constate : « Les morts deviennent des ombres. Et nous prenons leur place ».