« Dans la nuit ». D’après Böll. Mise en scène J.P. Chrétien-Goni. Par le Théâtre Clair . Au théâtre Arcane.
Très cher Nabil,
Je regrette beaucoup que nous n’ayons pas pu nous rencontrer (…) J’ai beaucoup, beaucoup aimé cette interprétation de Böll. Je souhaitais voir cette pièce car, cet été, j’ai suivi un cours à l’université de Bamberg, pendant un mois, sur le thème : « De Heinrich Böll à Botho Strauß ». J’ai donc beaucoup travaillé et réfléchi sur cet auteur. Pour moi, la littérature de l’Allemagne d’après guerre recommence avec lui, une littérature qui remonte des décombres et qu’on peut qualifier de « réaliste », de cette « réalité qui ressemble à une lettre qui nous a été adressée mais que nous mettons de côté sans l’ouvrir parce que nous sommes tracassés par l’idée que le contenu pourrait en être déplaisant » (H. Böll). Là, dans ce spectacle, pour rester dans la métaphore, le metteur en scène nous ouvre la lettre et tente, par le biais du théâtre, de nous aider à prendre en charge ce qu’elle contient, à nous donnant des clés ouvrant à des réalités, à fournir à notre imagination les moyens de construire l’image. C’est très réussi car ça n’a rien à voir avec les chimères, avec les fantômes.
Vraiment, je regrette de n’avoir pas pu parler de ce travail avec toi, avec eux, c’est à dire la compagnie, si tu penses que c’est important transmet leur ma sympathie…
Michèle Jung, le 20 novembre 1990