Faut-il être narcissique pour être heureux ?…

 

Quand on regarde le sens du mythe du monde grec, du monde romain jusqu’au début du XXe siècle, avec Mallarmé, Rilke et Valéry, jamais Narcisse n’a voulu dire égoïste, il a toujours signifié une force de vie, et cette force de vie semble pouvoir répondre à la crise actuelle que nous sommes en train de vivre. Redevenir narcissique serait-il le meilleur remède dans une société de l’accélération qui nous détache de nous-mêmes ?

Michèle Jung

Le 4 septembre 2019, à Überlingen (De)

« Nous sommes des rêveurs éveillés… ». Bachelard

Photo : Philippe Asselin

Si quelques philosophes ont exploré le rêve, ils l’ont opposé à la raison. Bachelard, quant à lui, l’a réhabilité pour en faire un objet de réflexion à examiner dans sa réalité plurielle, sans l’interpréter, analysant son essence même. Pour lui, il existe une logique du rêve, de l’imaginaire…

Michèle Jung

 

Conférence-débat à Überligen (De)

le 31 août 2019 à 19 h

 

Bibliographie :

Archive de Gaston Bachelard, dans Rêverie et radio, conférence de 1949
Musique de Claude Debussy, Rêverie
Musique de Ravel, Miroirs n°3, Une barque sur l’océan
Chanson de Jimi Hendrix, One Rainy Wish
Entretien entre Jean Lescure et Gaston Bachelard, RTF, 1960
Archive de Gaston Bachelard, dans Dormeurs éveillés, RTF, 1954

Chanson d’Alain Bashung, Madame Rêve, 1991

Le tango sur le divan…

où pire... redim

 

 

Ce Séminaire, qui n’a pu avoir lieu en 2016, est repris en 2019…

Nous travaillerons sur les textes déjà annoncés :

– Jacques Lacan. Séminaire XIX… ou pire, 15 mars 1972.

– Communication présentée au festival Vertige Tango de l’association Mordida de tango, avril 2009, publiée dans la revue de l’association, « La morsure déchaînée ». L’écriture – Psychanalyse et Art | Martine Estrade | Literary Garden.

– Virginia Hasenbalg.  » Entre l’homme et la femme, le tango »

Et… le petit dernier : Sonia Abadi « Le Bazar ses étreintes ».

Ce séminaire aura lieu avec les intéressé(e)s

Contact : michele.jung@kleist.fr

Über die Liebe sprechen…

… mit Aimée de Lacan
Am 18. April 1931 begegnet Marguerite Anzieu Lacan, einem jungen Psychiater. Sie ist nach dem Tötungsversuch an einer Schauspielerin im psychiatrischen Krankenhaus von Sainte Anne in Paris interniert.
Er tauft sie auf den Namen Aimée und macht aus ihr das Subjekt seiner These über die paranoïde Psychose – sein Dissertationsobjekt.
Was spielt sich da ab, in der Auswahl dieses Vornamens? Darüber werde ich in meinem Vortrag berichten. Wir werden sehen, wie Lacan – kontaminiert durch die Beziehung Marguerites zum Wissen – sie geliebt hat.

Jean Allouch schreibt in seinem Buch : « Sie wird nicht gewesen sein, ohne dass sie für ihn und durch ihn für die anderen die « Geliebte von Lacan » gewesen war. »

« Es gibt sehr zurückliegende und bösartige Dinge über mich, die wahr sind
wahr,
wahr,
wahr,
aber das flache Land liegt im Wind.»

Marguerite Anzieu

Parler d’amour…

… avec l’Aimée de Lacan.

Marguerite Anzieu alias "Aimée"

Marguerite Anzieu alias « Aimée »

Le 18 avril 1931, Marguerite Anzieu rencontre Lacan, jeune médecin psychiatre, alors qu’elle est internée à l’hôpital Ste Anne pour avoir tenté d’assassiner une comédienne. Il la baptise « Aimée », et fait d’elle le sujet de sa thèse sur la psychose paranoïaque. Que se joue-t-il là, dans le choix de ce prénom ? C’est ce que nous allons travailler pour cette conférence. On verra, en effet, que contaminé par le rapport de Marguerite au savoir, Lacan l’a aimée. Jean Allouch, dans son livre écrit : « elle n’aura pas été sans avoir été, pour lui et pour d’autres par lui, l’Aimée de Lacan ».

« Il y a de fort lointaines et vilaines choses sur moi qui sont vraies,

vraies,

vraies,

mais la plaine est au vent. »

Marguerite Anzieu.

Bibliographie de travail :

Marguerite ou l’Aimée de Lacan ( Jean Allouch)
Pour lire Jacques Lacan (Philippe Julien)
Écrits (Jacques Lacan)
Poésie involontaire et poésie institutionnelle (Paul Éluard)

Cette biographie n’est pas exhaustive elle va évoluer au gré de cette recherche.

Cette conférence sera tenue à Berlin

le vendredi 2 décembre 2016

Michèle Jung

Médecine Psychanalyse et Société

1923

1923

Dans le cadre du D. U. Médecine Psychanalyse et Société
Université de Montpellier 1

http://du.med.univ-montp1.fr/fmc/du-le-desir-denfant-ses-paradoxes-son-au-dela-medecine-psychanalyse-societe-76.html

le propos tenu a été intitulé :

Victime et non coupable.
La féminité en question

Ma pratique d’analyste, fondée sur une recherche quant aux rapports de la dépendance à l’alcool et la féminité, s’adresse aux étudiants inscrits à l’Université de Médecine, pour l’obtention de ce diplôme universitaire.
Lors de cette session, nous observerons cette sorte de trou que l’alcool masque et bouche… Un trou n’existe que par ses bords… L’alcoologie, traditionnellement, veut boucher le trou — par des médicaments, des cures, et tout un discours d’allure scientifique — alors qu’il convient de commencer par lui mettre des bords…
La psychanalyse propose une alternative à la médicalisation habituelle.

Michèle Jung, Mai 2015

En finir avec…

Hélène Arnal. "Dessins de la colère" (1,20-1,10)

Hélène Arnal. "Dessins de la colère" (1,20-1,10)

 

… avec Eddy Bellegueule, c’est le premier roman d’Édouard LOUIS, un jeune homme de 21 ans, étudiant en sociologie à Normale-Sup. ; il dirige la collection « Des mots » aux Presses Universitaires de France. C’est son premier roman, mais il a déjà publié Pierre Bourdieu, l’insoumission en héritage (PUF, 2014). «Aux âmes bien nées, disait Corneille, la valeur n’attend pas le nombre des années.» … !

En finir avec Eddy Bellegueule — l’insoumis, l’insurgé contre ses parents, contre la pauvreté, contre sa classe sociale raciste et violente — est un geste d’insurrection par l’écriture. La lecture de Marguerite Duras, de Didier Éribon, de Pierre Bourdieu… permet à Édouard Louis de réaliser que la violence est produite par des structures sociales, et de mettre en écriture cette violence au quotidien dont il est victime. Il peut alors envisager la fuite comme solution : « Moi qui ne pouvais être l’un des leurs, je devais tout rejeter de ce monde », la fuite devient pour lui un acte révolutionnaire et non une lâcheté.

En tant que psychanalyste, cette lecture m’a amenée à me poser la question différemment. J’en ai profité pour relire huit récits cliniques, où Pierre Kammerer (psychanalyste) relate la cure psychanalytique d’adultes qui ont subi, dans l’enfance, la haine de ceux qui étaient censés les aimer, leur père ou leur mère. Ce qui caractérise ces patients, c’est l’aveuglement dans lequel ils se sont enfermés pour ne pas démasquer la perversion d’un parent dont ils ne désespéraient pas d’être aimés. Pierre Kammerer parle d’une «clinique du témoin» où l’analyste réintroduit la Loi Symbolique (interdit du meurtre, de l’inceste…), prenant ainsi la place de l’autre parent, celui qui, au moment du trauma, s’était absenté alors qu’il aurait dû l’empêcher. (Cf. L’enfant et ses meurtriers. Psychanalyse de la haine et de l’aveuglement, Gallimard 2014).

En Avignon-Festival, dans le Off, on peut voir Retour à Reims de Didier Eribbon, le récit de ses retrouvailles avec sa famille d’origine ouvrière dont il s’était détourné pendant plus de trente ans :

http://culturebox.francetvinfo.fr/festivals/avignon-off/off-davignon-on-court-voir-ladaptation-du-retour-a-reims-de-didier-eribon-159939

Michèle Jung, Avignon, juillet 2014

 

 

 

 

28 06

Une-jouissance, en-corps

Une jouissance… Encore,

C’est ce qu’Elle entend… en oralisant ce titre !

Et Elle ouvre le Séminaire XX, chapitre I, intitulé « De la jouissance »… tiens, ça commence bien ! Enfin, ne rêvons pas, Lacan dit dès la page 10 : « La jouissance, c’est ce qui ne sert à rien ».

Si Freud n’a pas parlé de jouissance, aurait dit Lacan, c’est pour être compris par les lecteurs de son époque… Enfin, c’est ce qu’Elle a entendu dire, Elle n’en connaît pas la source.

Et Elles ? Qu’est-ce qu’Elles en disent, ces Elles qui se sont exprimées dans des textes qui ont constitué le débat des années 20 sur la féminité, des textes recueillis par Marie-Christine Hamon dans : Féminité. Mascarade. Ces Elles qui se nomment : Anna Freud, Hélène Deutsch, Joan Rivière, Josine Müller…

Ces derniers temps, en ces temps où on a médiatisé à outrance ce qu’il en était d’une jouissance masculine, j’ai aimé rapporter ce rêve d’une patiente de Joan Rivière justement, écrit en 1929, et intitulé : « La féminité en tant que mascarade ».

« Elle se trouvait seule à la maison, terrifiée ; un Noir entrait et la trouvait en train de faire la lessive, les manches retroussées et les bras nus. Elle lui résistait, mais avec l’intention secrète de le séduire sexuellement ; il commençait à l’admirer et à lui caresser les bras et la poitrine… »

La femme qui a fait ce rêve est une américaine qui réussissait remarquablement dans sa profession. Elle souffrait d’une angoisse qui se manifestait après chaque conférence donnée en public. La nuit qui succédait, elle était saisie d’un état d’excitation et d’appréhension, comme craignant d’avoir commis un impair ou une maladresse, et elle ressentait un besoin obsédant de se faire rassurer (par exemple provoquer, pour recevoir des compliments de la part d’un homme, alors qu’elle ne faisait que peu de cas de la valeur de son jugement).

Dans ce rêve, dit Joan Rivière, cette femme tente d’effacer les conséquences de ses actes (ses conférences réussies) en se « déguisant » en femme châtrée. (« Elle lave sa faute », dira encore Joan Rivière.) Le masque de la femme châtrée, c’est celui de la femme en train de faire la lessive, les manches retroussées et les bras nus, et cette femme châtrée incarne — la patiente le croit — la femme désirable. La mascarade consiste à cacher qu’elle a le phallus, et donc à tromper l’Autre.

Ce rêve — un homme Noir séduit par la position d’une femme servile — montre que ce que la patiente attend d’un homme, c’est d’être aimée pour ce qu’elle n’a pas. Le rêve vient confirmer un de ses fantasmes qui est : en cas d’attaque par un homme, il faut s’offrir à lui sexuellement pour pouvoir ensuite le livrer à la justice… Je cite :

«(…) lorsqu’elle vivait dans le Sud des États-Unis : si un noir venait à l’attaquer elle se défendrait en l’obligeant à l’embrasser et à faire l’amour pour pouvoir ensuite le livrer à la justice. »

Ainsi le sujet qui craint le père, dit Joan Rivière, veut se déguiser en femme châtrée, pour le séduire et l’éliminer. Sa jouissance est de garder secret ce qu’elle a, pour faire valoir ce qu’elle est. C’est ce que Lacan note comme étant « sa procédure sacrificielle, tout faire pour les autres, adoptant les formes les plus élevées du dévouement féminin, comme si elle disait : « Mais voyez, je ne l’ai pas, ce phallus, je suis femme, et pure femme ». Et ceci, le sujet l’adresse essentiellement aux hommes qui l’avaient admirée sous sa face de femme phallique, et c’est là sa jouissance.

Jacques Rabinovitch, le 6 novembre 2010, nous questionnait : La jouissance est-elle entre pulsion et fantasme ?

Michèle Jung, 2806-2011