Un salon allemand …

Photo : Pierre Salles

Rencontres littéraires de Ceccano

Médiathèque Ceccano

16 mai 2009 – 16 h 30

… une promenade au bord du Rhin …

Un salon allemand au début du XIXe siècle… une promenade au bord du Rhin… quelques heures durant lesquelles sont réunis Clemens Brentano, Bettina von Arnim, Savigny et d’autres illustres de l’intelligentsia allemande de l’époque. Parmi eux, Caroline von Günderrode et Heinrich von Kleist (1777-1811), deux êtres déchirés. Deux histoires qui nous permettent de faire émerger, dans ce tableau, celle particulière de Kleist.

Pourquoi lui ?

Heinrich von Kleist, pour les profanes, est perçu aujourd’hui comme notre contemporain. C’est intimement lié à la création de Jean Vilar en 1951 : à cette date, il monte Le Prince de Hombourg avec Gérard Philippe, dans la Cour d’Honneur, à l’occasion du Ve Festival d’Avignon.

Depuis cette date, l’intérêt pour Kleist n’a pas cessé. Ses huit pièces ont été régulièrement jouées sur les scènes françaises…

Récemment, nous avons pu en voir quatre: La Marquise d’O [1] , La Cruche cassée [2] , La Petite Catherine de Heilbronn [3] et Penthésilée [4] .

Par ailleurs, un opéra est présenté en création mondiale au Corum, à Montpellier, en mars 2008, c’est celui de René Koering : Scènes de chasse, d’après Penthésilée.

le 23 novembre 2008, les élèves du Conservatoire d’Art dramatique du Grand-Avignon, présentent un extrait de Penthésilée.

Le 28 novembre 2008, le Bureau des Lecteurs de la Comédie Française propose une mise en lecture publique de : Programme Penthésilée-Entraînement pour la bataille finale, de Lina Pros, traduit de l’italien par Jean-Paul Manganaro, afin de faire trouver le chemin du plateau à cette pièce.

Cet automne, Françoise Maimone met en scène Le Prince de Hombourg au Théâtre Astrée, à Villeurbanne.

D’où vient cet engouement, cette « Kleistmania » comme le titrait la presse théâtrale ?

En 1976, Günter Kunert, un écrivain de RDA, est chargé de prononcer un discours pour le bi-centenaire de la naissance de Kleist (Oui, contemporain de Gœthe !). Le titre de son intervention : « Heinrich von Kleist : un modèle » [5] :

Aujourd’hui, son destin nous offre tout à coup quelque chose comme un miroir où nous reconnaissons — tout à la fois distancés et soulignés par l’histoire — nos caractères et nos mots.

En exergue de son livre : Aucun lieu, nulle part — paru chez Alinéa en 1987, Christa Wolf cite cette pensée de Kleist : « Je porte en moi un cœur, comme un pays du Nord la graine d’un fruit exotique. Il ne cesse de germer, sans jamais pouvoir mûrir ».

Y aurait-il actuellement un terrain qui permette à cette « graine » de croître ? Tout ce que nous venons de citer en est-il le témoin ? Témoin de quoi ? C’est ce dont je pourrai « témoigner » dans cette conférence, que je me permets de vous proposer.

Michèle Jung

Avignon, décembre 2008

Bibliographie succinte :

  • Heinrich von Kleist. Michael Kohlhaas et autres nouvelles (dont « La Marquise d’O »). Ed. Phébus, Paris, 1983.
  • Joachim Maass. Heinrich von Kleist. Payot, Paris, 1989.
  • Heinrich von Kleist. Penthésilée. Traduction de Julien Gracq. Ed. José Corti, 1954.
  • Heinrich von Kleist. Correspondance complète, 1793-1811. Gallimard, 1976.
  • Stefan Zweig. Combat avec le démon (Kleist, Hölderlin, Nietsche). Belfond, 1983.
  • Anne Wiazemsky. Canines. Gallimard, 1993.
  • Caroline von Günderrode, La faim, nous l’appelons amour.

[1] Mise en scène de Lukas Hemleb au TPG de Saint-Denis.

[2] Mise en scène de Frédéric Garcia-Bélier, CDN d’Anger.

[3] Mise en scène André Engel. Il avait fait une mise en scène remarquée de Penthésilée en 1981

[4] Mise en scène de Jean Limier à la Comédie Française.

[5] In : Théâtre/Public n° 20, p. 9-11.