Voltaire
Le signal est donné sans tumulte et sans bruit ;
C’était à la faveur des ombres de la nuit.
(…)
Les meurtriers au carnage échauffés,
Criant à haute voix :
« Qu’on n’épargne personne ;
C’est Dieu,
c’est Médicis,
c’est le roi qui l’ordonne ! »
(…)
Qui pourrait cependant exprimer les ravages
Dont cette nuit cruelle étala les images?
(…)
Je ne vous peindrai point le tumulte et les cris.
Le sang de tous côtés ruisselant dans Paris,
Le fils assassiné sur le corps de son père.
Le frère avec la sœur, la fille avec la mère.
Les époux expirant sous leurs toits embrasés.
Les enfants au berceau sur la pierre écrasés :
Des fureurs des humains c’est ce qu’on doit attendre.
Mais ce que l’avenir aura peine à comprendre,
Ce que vous-même encore à peine vous croirez,
Ces monstres furieux, de carnage altérés,
Excités par la voix des prêtres sanguinaires,
Invoquaient le Seigneur en égorgeant leurs frères ;
fit, le bras tout souillé du sang des innocents,
Osaient offrir à Dieu cet exécrable encens.
François-Marie Arouet Voltaire
Eh bien, je déposais ce texte il y a 10 ans…, et le carnage continue : en Ukraine, en Palestine, au Soudan… Les prédateurs sont assoiffés de sang ! Je lis, en ce moment, un livre qui vient de paraître « L’heure des prédateurs » de Giuliano da Empoli., d’où l’emploi de ce mot.
Alors que la Russie était en pleine discussion avec un envoyé spécial des États-Unis, l’Ukraine a été la cible d’une frappe militaire : ce fait illustre la logique des dirigeants, qui consiste en un « déploiement de la force sans aucune limite », que ce soit dans la guerre militaire ou la guerre commerciale. Dans son livre, Giuliano da Empoli évoque Machiavel et son concept de « virtu », c’est-à-dire la capacité du prince à maîtriser le cours des événements.