Au 79e Festival d’Avignon…
Lors de sa présentation, Tiago Rodrigues avait dit : nous allons « vivre des histoires ensemble »…
La première, pour moi, fut celle présentée par Ali Chahrour. Au Liban, alors que la guerre fait rage, des dizaines de travailleuses migrantes, sont abandonnées par leurs employeurs partis à l’étranger. Elles errent sans ressources sur la corniche de Beyrouth… Un choc ! J’en aurai d’autres. Des déceptions aussi !
Ce fut le cas du « Canard sauvage » d’Ibsen, mis en scène par Thomas Ostermeier, que j’attendais avec tant d’impatience et de certitudes. Oh là,là ! Thomas O. s’est « rangé », son travail — avec les talentueux comédiens de la Schaubühne — s’est révélé d’un classicisme déconcertant.
Marthaler, merci à lui, a été marthalérien en diable. Dans son spectacle Le sommet, tout fut lent, bancal, minutieusement désynchronisé – et c’est précisément là qu’a résidé la magie du metteur en scène suisse. Il n’a pas cherché à faire avancer une intrigue (il n’y en a pas réellement), mais à capter une poésie du flou, un comique du presque, une humanité vacillante et en même temps tenace. À partir de ce rien – un lieu sans issue, des mots creux, des gestes ratés – il a tout dit : l’incommunicabilité, les illusions de la coopération mondiale, mais aussi cette force étrange qui continue de relier les êtres. Un travail d’orfèvre…
J’ai fait une autre découverte qui m’a ravie, en la personne de Mohamed Toukabri dans « Every-body-knows-what-tomorrow-brings-and-we-all-know-what-happened-yesterday » ! Le style de ce danseur virtuose est inclassable : formé dans les rues de Tunis où il a vécu jusqu’à 18 ans, puis à l’école P.A.R.T.S., fondée parA. T. de Keersmaeker, revendiquant l’influence du chorégraphe S. L. Cherkaoui et de la Needcompany de Jan Lauwers, il interprète ce solo unique sur une musique signée A. Fröhlich.
Pour clore en beauté, le metteur en scène Mario Banushi, albanais d’origine, nous a présenté Mami, un hommage muet aux femmes de sa vie. : mère, grand-mère, sœurs… Ce spectacle aux images somptueuses s’est, aux dires de certains, imposé comme l’une des révélations de ce Festival.
Quant au choix de la langue arabe, comme langue invitée, je laisse Tiago R. s’exprimer : « Notre conviction est encore plus forte de ne pas laisser cette langue devenir otage de discours et actions de haine. L’arabe est une langue qui, à travers le temps, a été vecteur de transmission de savoirs, de production de connaissances, de liberté, de diversité. Et c’est précisément cette influence, dans notre culture globale, que nous voulons célébrer. Nous sommes très conscients évidemment que chaque langue porte avec elle un contexte historique et politique. » Bel hommage. Mais, de langue arabe, il n’y eut quasiment que de la danse. Pour les deux où trois autres avec texte, ce ne furent pas des découvertes, les artistes invités venaient en Avignon pour la 2e ou 3e fois, ou étaient des créateurs solidement établis en Europe depuis quelques années… Ah ! Quand même ! La langue arabe était présente dans toutes les annonces demandant d’éteindre son portale et de ne pas faire de photos !!!
Mais… j’ai vécu ce Festival 2025, avec autant de plaisir, d’enthousiasme et de curiosité… que les cinquante huit autres le précédant !
Ornella
Sprachen der Gewalt…
Seminar
« Sprachen der Gewalt und Praxis der Psychoanalyse » am 14. Juni 2025
in Berlin
Avant les vacances d’été, à la suggestion d’Erik Porath, nous abordons le thème de l’agressivité et de l’agression d’un point de vue psychanalytique. Le point de départ de ce sujet, extrêmement actuel, parcourt deux chapitres du livre « Der Rede Wert » (Claus-Dieter Rath, 2013) :
https://drive.google.com/drive/folders/13bG4Vg2LUzAp_esJDfIzKCmrpGfWc_OI
ainsi qu’un paragraphe (« L’intrus ») de l’essai de Jacques Lacan In : « La Famille » (1938) :
https://shs.cairn.info/revue-dialogue-2002-3-page-107?lang=fr
Michèle Jung
« Un Prince de Hombourg »…
« Un Prince de Hombourg »
Ce Prince de Hombourg, magnifiquement interprété ici par Nicolas Maury, est un des personnages les plus étranges de l’histoire du théâtre, ceux qui fréquentent ce site le savent ! C’est un jeune homme rêveur, dit-on, un somnambule qui semble se tenir en équilibre au bord de la réalité. En témoigne cette mise en scène, d’une lecture au premier degré : sortant de son sommeil sur le champ de bataille, à la veille du grand assaut, le prince trouve un mystérieux gant à côté de lui. Troublé, il n’écoute pas les consignes. Le jour venu, il enfreint tous les commandements et, bien que remportant la victoire, se retrouve condamné à mort pour avoir désobéi. Est-ce de la désobéissance ou de l’inattention ? Et quel est donc ce héros, qui semble fuir ces vertus classiques, et que la mort effraie ? Peut-être, comme le suggère la grille de lecture du poète Stéphane Bouquet, adaptant pour Robert Cantarella la pièce de Kleist : un homme qui ne parvient pas, ou n’a pas le désir, d’être à la hauteur de son rôle.
Si vous relisez « La Perversion dans l’écriture de Heinrich von Kleist », vous vous souviendrez qu’il s’agit de bien autre chose…, d’une perversion, au sens lacanien du terme.
De Heinrich von Kleist
traduction, adaptation et écriture Stéphane Bouquet
mise en scène Robert Cantarella
avec : Nicolas Maury, Bénédicte Amsler Denogent, Johanna Korthals Altes,
Robert Cantarella, Christian Geffroy Schittler, Jean-Louis Coulloc’h
scénographie : Sylvie Kleiber assistée de Maud Nguyen Huynh et Étienne Goussard
assistanat mise en scène : Anouk Werro, assistée de Brian Aubert
lumières : Philippe Gladieux
costumes : Constance de Corbière et Sandrine Rozier, assistées de Noémie Colin et Lucie Laporte
musiques : Alexandre Meyer
vidéo : Antoine Pirotte
régie générale : Soleiman Chauchat
administration / production Anna Ladeira – Le Voisin (Suisse) et Martin Lorenté – Cyclorama (France)
production : Compagnie R&C et Suite Suisse
coproduction : Théâtre Vidy-Lausanne ; Théâtre Saint Gervais Genève ; Malraux – Scène nationale Chambéry Savoie ; Le Manège Maubeuge – Scène nationale transfrontalière
avec le soutien de : Loterie Romande ; Fondation Leenaards et Fondation Ernst Göhner
La compagnie R&C est conventionnée par la Direction Régionale des Affaires Culturelles d’Occitanie (Ministère de la Culture) et reçoit le soutien de la Ville de Pézenas.
Création au Théâtre Vidy Lausanne le 6 décembre 2023
Dämon…
Das Eigene des Falles…
Le Trait-du-Cas
Drittes klinisch-psychoanalytisches Seminar mit Dolorès Frau-Frérot, Sylvain Frérot, Bernard Brémond, das von Claus-Dieter Rath im April 2022 und 2023 initiiert wurde.
Arbeitstagung in Berlin, Samstag 12. Oktober 2024 (10.00 bis 17.30)
Ort: PsyBi: Geisbergstraße 29, 10777 Berlin
Das Vorgehen von Trait-du-cas
Die Übermittlung der klinischen Erfahrung war stets ein Anliegen Lacans. Was in der Kur wirkt und was eine Veränderung oder eine Verschiebung in den subjektiven Einstellungen erlaubt, sind zwei grundlegende Fragen. Sie wurden von Claude Dumézil in diesem Ansatz über die analytische Praxis wiederaufgenommen das er mit Bernard Brémond geschaffen hat.
Das klinische Seminar führt regelmäßig Psychoanalytiker zusammen, und bietet jedem an, etwas aus seiner Praxis vorzustellen, das Fragen stellt oder Probleme macht. Der darauffolgende Austausch mit den anderen Teilnehmern folgt der Methode der „freien Assoziation“. Das Vorgehen besteht aus drei Abschnitten, die eine theoretische Ausarbeitung und eine Vorstellung vor einem kompetenten Publikum erlauben.
Bei Interesse finden Sie weiterführende Texte (auf Französisch) zu diesem Thema auf der Website: letraitducas.fr
Programm
1. 10.00 – 13.00 Uhr: Arbeit an analytischen Momenten. Vorherige Anmeldung erforderlich.
Vorstellung einer klinischen Situation die hinterfragt, „stört“, mit der man Schwierigkeiten hat. Danach findet mit den Assoziationen zum berichteten Material ein Austausch unter den anderen Teilnehmern statt. Das Vorgehen ist anders als bei der traditionellen Vorstellung eines vorbereiteten Falles, die manifesten Zielen oder einem schon bestehenden Wissen unterworfen ist.
2. 15:00 – 17:30 Uhr: Hommage an Claus-Dieter Rath, der diese Tagungen initiiert hat.
Nachträgliche Diskussion des Vormittags zur Klinik der Psychoanalyse: Wie verhält es sich mit der „sicheren Überzeugung von der Existenz des Unbewussten“ (Freud, GW XVI, S. 95f)
Chercher les mots…
… pour présenter ce Festival d’Avignon 2024
En cette année 2024 (78e édition), comme les autres années, le Festival d’Avignon, « … est un festival de création qui se bat pour que les artistes soient libres de chercher des mots, des sons, des gestes et des images pour dire et habiter ce monde ». C’est ainsi que Tiago Rodrigues, l’ordonnateur de cet événement, a fait de cette expression : « chercher les mots », le titre de la présentation de son programme. Ce programme nous parlera de notre monde menacé par la guerre, les inégalités, les extrémismes et l’urgence climatique… Quant au public , il viendra pour entendre la parole qui nourrira le débat démocratique, débat qui succède généralement à l’expérience collective des arts vivants.
Quel programme !
Quel programme ?
Il est en ligne, sur https://festival-avignon.com/
, précisons qu’il ouvrira avec « Dämon » d’Angelica Liddell (photo à la une de cet article), à la Cour d’Honneur ; qu’il se clôturera avec Warlikowski… à la Cour d’Honneur également.
Et nous, entre ces deux événements, aurons rencontré des artistes argentins, allemands, polonais, ukrainiens, biélorusses, suisses, uruguayens, espagnols, français, maliens, catalans, péruviens, portugais, chiliens, anglais, congolais.
Nous les aurons rencontrés dans leurs spectacles, rencontrés lors de conférences de presse, au Café des Idées, dans des expositions plastiques ou des installations, lors de lectures ou de projections cinématographiques, de créations chorégraphies ou musicales.
Dans ce contexte de création artistique, nous dirons que « chercher les mots », c’est rechercher l’inspiration nécessaire pour exprimer ses idées de manière créative et authentique. Ce qui implique de puiser dans ses propres expériences, ses observations ou émotions, ainsi que dans les œuvres d’autres artistes. « L’art ne garantit pas le bonheur, mais améliore nos chances de le poursuivre« , conclut le dramaturge portugais.
Bon Festival 2024 !
David Coste…
Avec le soutien du Frac Occitanie-Montpellier et cette année celui de la Chapelle Saint-Jacques, centre d’art labellisé, David Coste a été choisi pour investir les lieux et apporter son regard sur les histoires et les architectures des lieux.
Après une première résidence à l’automne 2023 où il a pris la mesure du territoire, il a investi une cellule de la chartreuse durant l’hiver 2024 pour proposer des œuvres quasiment toutes en production pour et avec les lieux.
Parallèlement, il a sélectionné des œuvres dans les collections du Frac pour souligner son propos: la tension entre la fiction et le réel, la friction entre le passé et le présent, la jonction entre les vestiges et les présages.
A la Tour, ce sera l’opportunité de découvrir des œuvres d’artistes contemporains de renommée, et qui ouvrent les perspectives d’interprétation de ses propres œuvres.
Au musée, dans le cocon précieux des salles et vitrines, l’artiste a choisi de présenter des œuvres précieuses et fragiles.
A la Chartreuse, nous aurons le plaisir de déambuler dans un film de Lynch ou encore de se projeter dans des mondes imaginaires.
Penthesilia am Deutschen Theater Berlin…
…Bei Nino Haratischwili gibt es Penthesilea zwei Mal. Almut Zilcher ist die weise, melancholische Penthesilea, die in allen Zeitebenen zu Hause ist. Sie weiß, was war und weiß, was werden wird. Und so schaut sie auf ihr Alter Ego, das nur in der Gegenwart lebt, mit einem Blick, der Ironie und Empathie vereint. In den ersten Minuten ist die zeitlose Penthesilea allein auf der Bühne der Kammerspiele des Deutschen Theaters Berlin. Almut Zilcher kauert auf dem Boden. Um sie herum weiße Stoffbahnen, die an Flügel erinnern.
Wie ein gefallener Engel wirkt sie, richtet sich auf und geht in medias res: „Sie werden gleich hier sein, dann soll ich mich in Hass üben, den ich doch längst verlernt habe.“ Ihre Kriegerinnen werden von ihr den Sieg gegen den Griechen Achill einfordern. Denn neun Jahre tobt der Krieg bereits um Troja, die Amazonen haben sich in ihn hineinziehen lassen. Aber Feldherr und Feldherrin begehren sich jetzt und nennen es Liebe. „Unser Blut wenigstens darf sich vereinen. Töte mich. Oder ich töte dich“, endet Zilcher den Auftaktmonolog. Autorin Haratischwili führt das animalische Begehren der beiden in ein gegenseitiges Abschlachten über. Eine neue Variante im Penthesilea-Achill-Komplex: Im antiken Mythos mordet Achill die Amazonenkönigin, bei Kleist ist es umgekehrt. Haratischwili plädiert für Tod und Unentschieden.
Bei „Penthesilea: Ein Requiem“ dauert es zwei Stunden bis zum Doppelmord. Die Gunst der Zuschauer wandert zwischen den Figuren hin und her. Manuel Harders Achill gibt sich kriegsmüde, seine Herrschergesten unterlegt er mit Ironie. Seine Alphatier-Coolness wird dadurch nicht geschmälert. Das weiß er. Eka Nizharadzes Gegenwarts-Penthesilea hält die Pose der Kriegerin lange durch, schaut wahnsinnig streng und knickt dann ein. Nino Haratischwili hat ein zweisprachiges Stück geschrieben. Die deutsche und die georgische Sprachmelodie treffen aufeinander und laden sich gegenseitig auf. Ein sinnlicher Hinweis, dass die beiden Hauptfiguren aus ganz unterschiedlichen kulturellen Kontexten kommen. Als Nebenfigur wird Thersites, Achills Diener, eingeführt und bekommt den wichtigsten Monolog im ganzen Stück: eine Abrechnung mit dem selbstbezogenen, verantwortungslosen und unmenschlichen Verhalten seines Chefs. Tote über Tote sind das Resultat. DT-Neuzugang Jens Koch steht an der Rampe und spricht gegen seinen Heerführer an, der ihn mit Schlägen mundtot machen will und letztendlich ersäuft. Kochs Thersites kann seine Würde nicht verlieren, denn er hat sie sich schwer errungen. Das ist die Schwingung, die im Saal ankommt.
Wecker-Ticken kündigt den Countdown an, Trommelwirbel ertönt, und dann werden vom Schnürboden dehnbare Bänder heruntergelassen. Regisseurin Haratischwili macht Harder und Nizharadze zu schwingenden Marionetten. In den Bändern hängend spielen sie fast schwerelos Begehren und Zerstörung. Minuten vorher stehen beide hinter fahrbaren Glaswänden. Sie verwischen so die Trennung zwischen Realität und Fiktion, erzählen von Illusion und erinnern
gleichzeitig an Projektion. (Bühne: Julia B. Nowikowa) Zum zweiten Jahrestag des russischen Angriffskriegs in der Ukraine geht einen Penthesilea anders an als vor gut zwei Jahren. Haratischwilis energiegeladener Text fordert auf, sich zu den Figuren zu verhalten. Und er schafft es, Fragen neu zu stellen, dadurch, dass er die Figuren in ihrer ganzen Ambivalenz zulässt. Am Schluss ist Almut Zilchers Über-Ich-Penthesilea wieder alleine auf der Bühne und stellt fest: „Die Toten werden zu Schatten. Und wir nehmen ihre Plätze ein.“
Katja Kollmann, Kulturjournalistin, TAZ 26.2.24
Schaubühne…
Prinz von Hombourg
Premiere war am 14. November 2023
Regie: Jette Steckel
Bühne: Florian Lösche
Kostüme: Pauline Hüners
Musik: Mark Badur
Choreografie: Dominika Knapik
Video: Zaza Rusadze
Dramaturgie: Bettina Ehrlich
Licht: Erich Schneider
Mit: Jule Böwe, Holger Bülow, Stephanie Eidt, Bastian Reiber, Renato Schuch, Alina Vimbai Strähler, Axel Wandtke
Dauer: ca. 150 Minuten
Wieder zu sehen (18-19-20-21 Januar 2024) ist in der nächsten Woche Jette Steckels Inszenierung »Prinz Friedrich von Homburg« – Heinrich von Kleists letztes Drama über die Gegensätze von individueller Freiheit und Staatsräson, Gefühl und Gehorsamspflicht.
Bei dieser Vorstellung kommen grelle Lichteffekte, laute Musik und Soundeffekte sowie Schusswaffen zum Einsatz. Auf Wunsch erhalten Sie beim Abendpersonal geeigneten Gehörschutz. Zu dieser Inszenierung liegt zudem ein Hinweis zu sensiblen Inhalten vor.