Seminar 2012-2013

Dessin Hélène Arnal 2010

 

« On est prié de fermer les yeux »

Auf der unablässigen Suche nach einer Sprache, die er nicht kannte, sagte Freud von sich selbst, er sei ein « entwurzelter Intellektueller » : er hat Freiberg (in Mähren) mit drei Jahren verlassen, um in Wien zu leben… In der Logik unserer im letzten Jahr ausgeführten Arbeit haben wir eine Untersuchung zu der Lalangue Freuds begonnen.

Im Jahre 1873 beginnt Freud mit 17 Jahren seine Studium in Wien. Er fühlt sich als Fremder in Wien. Eine Anekdote : im Mai 1939 ein Bekannter, der nach Österreich reisen wollte, besucht Freud, der in London im Exil lebte. Als er sich von ihm verabschiedet, sagt Freud zu ihm : « Also, Sie fahren nach… ?, ich erinnere mich nicht mehr an den Namen dieser Stadt ! » Für denjenigen, der den Humor Freuds kennt, tut Freud so, als ob er den Namen des Geburtsorts der Psychoanalyse, den Ort seines Lebens und seines Werks vergessen habe. In dem Moment, wo er diesen Signifikanten « Wien » in den Mund nehmen will — hält ihn etwasdavon durch den Verdrängungseffekt ab. Es ist nicht nur die Durch die Entfernung im Exil hat er die Möglichkeit ein Gefühl auszudrücken, das ihn sein Leben lang begleitete, nähmlich ein Fremder in Wien zu sein.

Wir werden dieses Jahr mit dem Lesen eines Seminars von Lacan beginnen, das auf Sainte-Anne (In Paris) 1971 gehalten wurde : « Le savoir psychanalyste ». Da schaffte er den Begriff Lalangue.

Dieses Seminar findet jeden dritten Montag im Monat
bei Michèle Jung in Avignon (Frankreich) statt.

Erste Sitzung am Montag 14. Januar 2013 um 20 Uhr

Contact : Michèle Jung
06 82 57 36 68
michele.jung@kleist.fr

Lire la version française

Bibliographie :

  • Jacques Lacan : « Le savoir du psychanalyste », 1971, Séminaire à Sainte-Anne.
  • Jacques Lacan : « Encore », Le Séminaire 20, 1972.
  • S. Freud, « Le fétichisme » dans La vie sexuelle, Paris, PUF, 1969, p.133.
  • Séminaire « Les non-dupes errent ».
  • « Brief an der Bürgermeister des Stadt Pribor », S. Freud, 1931.
  • Marie Balmary. L’homme aux statues. Grasset, 1979.P { margin-bottom: 0.21cm; }P.citations { margin-left: 1cm; font-style: italic; }P.sdfootnote { margin-left: 0.5cm; text-indent: -0.5cm; margin-bottom: 0cm; font-size: 10pt; }

6 Arbeitsitzungen/Januar-Juni

Zusammenfassung

 

Nach unserer Einführung in das Konzept von Lalangue in den Texten — die Sie in der nachstehenden Bibliografie finden — können wir jetzt sagen, daß Lacan’s Lalangue sich auf die ersten Lebenseindrücke bezieht, und das auf einem Feld auf dem die Doppeldeutung kein Zufall ist.

Ce qui caractérise lalangue parmi toutes, ce sont les équivoquesqui y sont possibles”. J. Lacan, Le sinthome, séance du 9 mars 1976.

Wenn man eine Chance haben will, das Rätsel des Symptoms zu entwirren, kann man es durch Zugang in den Signifikanten der Lalangue des Patienten tun. Um die Worte von Lacan wieder aufzunehmen, was die Definition des Rätsels betrifft, handelt es sich um eine Darlegung, von der man die Aussage nicht kennt. Die Aussage befindet sich in den Spracheindrücken, in denen das Kind seine erste Pflege erhalten hat, die seiner Kleinkindperiode, seine Lalangue, die Sprache in der sich sein Symptom gebildet hat.

Wir haben des Thema unseres Seminars 2013 nicht vergessen, in dem wir einen Fall bearbeitet haben, den Lacan von Freud ausgeliehen hat, um ein Interpretationsbeispiel von der Lalangue in der Ppsychoanalyse eines zweisprachigen Patienten zu geben. Der von Freud angeführte zweisprachige Patient, ist in einem Text über den Fetischismus im Buch : Das sexuelle Leben zitiert.

Le fétiche dont l’origine se trouvait dans la prime enfance ne devait pas être compris en allemand mais en anglais.

Außerdem haben wir besonders das Lesen eines Textes von Aharon Appelfeld geschätzt, der das Schicksal der Sprache befragt, wenn sie sich auf die ersten Klangeindrücke bezieht, auch auf die verlorenen Gefühle des Körpers, und die erlaubt den Teil der Nichtdeutbarkeit erster Klangrhythmen zu befragen, weil sie auf die poetische Kraft der Worte, auf die Stimme als Objekt « a » verweist.

Nächstes Jahr werden wir die Stimme von Monika Jazyk hören — Freud’s Kindermädchen — die ihn mit slawischen Kinderliedern und Märchen von Hauff einwiegte. Wir werden auch die Stimme der Eltern Freud’s wiederfinden, die Yiddish sprachen — und das während seiner ersten vier Lebensjahre in Pribor…

Bibliographie

– Simone Wiener. « Aharon Appelfeld, lalangue perdue ? ». In : Essaim N°29, « Ce que l’on doit à lalangue ». Érès, 2012.

Jacques Lacan. « Le savoir du psychanalyste », 4 novembre 1971. In : Je parle aux murs. Seuil, Paris, 2011.

– Discours de Jacques Lacan à l’Université de Milan le 12 mai 1972, paru dans l’ouvrage bilingue :Lacanin Italia 1953-1978. La Salamandra, 1978, pp. 32-55.

– Jacques Lacan. Séminaire Encore (1972-1973). Le Seuil, Paris, 1975.

– Jacques Lacan, Séminaire Le sinthome (1975-1976), 9 mars 1976. Le Seuil, Paris, 2005.

– Jacques Lacan. Conférence à Nice, 24 janvier 1976.

– S. Freud, « Le fétichisme », in : La Vie sexuelle. PUF, Paris, 1969, p. 133.

 

Séminaire 2012-2013

 

Image Isabelle Esposito

 

« On est prié de fermer les yeux »

Dans la quête éperdue d’une langue qu’il ne connaissait pas, Freud disait de lui-même qu’il était un « intellectuel déraciné » : il a quitté Freiberg (en Moravie) à 3 ans pour aller vivre à Vienne… Dans la logique de notre travail effectué l’an dernier, nous souhaitons commencer une recherche sur la lalangue de Freud.

Freud commence ses études à Vienne en 1973, il a 17 ans. Il se sent étranger à Vienne. Une anecdote : en mai 1939, une connaissance, qui allait partir en Autriche, vient rendre visite à Freud, alors exilé à Londres. Freud lui dit : « Alors, vous retournez à … ?, je ne me souviens plus du nom de cette ville ! » Pour qui connaît l’humour de Freud, Freud feint ici d’oublier le nom de la ville de naissance de la psychanalyse, le lieu de sa vie et de son œuvre. Quelque chose l’arrête — au moment de prononcer ce signifiant : Vienne — sous l’effet d’un refoulé. Grâce à la distance de l’exil, il peut exprimer ce sentiment qu’il a eu d’être étranger à Vienne.

Nous commencerons cette année par la lecture d’un séminaire de Lacan tenu à Sainte-Anne en 1971 : « Le savoir du psychanalyste ». C’est là qu’il introduit le concept de lalangue.

Ce séminaire a lieu chaque troisième lundi du mois
chez Michèle Jung, en Avignon

(La pratique de la langue allemande est indispensable)

Première séance, le lundi 14 janvier 2013, à 20 heures

Contact : Michèle Jung
06 82 57 36 68
michele.jung@kleist.fr

 

Bibliographie :

  • Jacques Lacan : « Le savoir du psychanalyste », 1971, Séminaire à Sainte-Anne.
  • Jacques Lacan : « Encore », Le Séminaire 20, 1972.
  • S. Freud, « Le fétichisme » dans La vie sexuelle, Paris, PUF, 1969, p.133.
  • Jacques Lacan. « Les non-dupes errent ».
  • « Brief an der Bürgermeister des Stadt Pribor », S. Freud, 1931.
  • Marie Balmary. L’homme aux statues. Grasset, 1979.

 Lire la version allemande

Synthèse des 6 séances de janvier à juin

Après avoir cerné le concept de Lalangue à partir des textes dont on trouvera la liste dans la bibliographie ci-dessous, nous dirons simplement ici que Lacan situe lalangue du côté de la première empreinte, dans un champ où l’équivoque n’est pas du hasard.

Ce qui caractérise lalangue, ce sont les équivoques qui y sont possibles”. J. Lacan, Le sinthome, séance du 9 mars 1976.

Si l’on veut avoir une chance de démêler l’énigme du symptôme, c’est en ayant accès aux signifiants de lalangue du patient. Pour reprendre les termes de Lacan concernant la définition de l’énigme, il s’agit d’une énonciation dont on ne connaît pas l’énoncé. L’énoncé se trouve dans la langue dans laquelle l’enfant a reçu ses premiers soins, celle de sa prime enfance, sa lalangue, la langue dans laquelle s’est constitué son symptôme.

N’oubliant pas le thème de notre séminaire, nous avons travaillé sur un cas que Lacan emprunte à Freud pour donner un exemple d’interprétation à partir de lalangue dans l’analyse d’un sujet bilingue. Ce patient bilingue, évoqué par Freud, est cité dans un texte sur le fétichisme, dans le recueil La Vie sexuelle.

Le fétiche dont l’origine se trouvait dans la prime enfance ne devait pas être compris en allemand mais en anglais.

Nous avons, par ailleurs, particulièrement apprécié la lecture d’un texte d’Aharon Appelfeld qui questionne le destin de la langue en tant qu’elle se rapporte aux premières expériences sonores, aux sensations perdues du corps, et qu’elle permet de questionner la part de l’inarticulé des premiers rythmes sonores, car elle renvoie aussi à la force poétique des mots, à la voix comme objet a.

L’an prochain, nous retrouverons la voix de Monika Jazyk, la nurse de Freud qui le berce avec des comptines slaves et les contes de Hauff, celle de ses parents qui parlent le yiddisch — et ce tout au long de ses quatre premières années vécues à Pribor…

Bibliographie :

– Simone Wiener. « Aharon Appelfeld, lalangue perdue ? ». In : Essaim N°29, « Ce que l’on doit à lalangue ». Érès 2012

– « Le savoir du psychanalyste », 4 novembre 1971. In : Je parle aux murs, Paris, Seuil, 2011

– Discours de Jacques Lacan à l’Université de Milan le 12 mai 1972, paru dans l’ouvrage bilingue : Lacan in Italia 1953-1978. En Italie Lacan, Milan, La Salamandra, 1978, pp. 32-55

– J. Lacan, Séminaire Encore (1972-1973), Paris, Le Seuil, 1975

– J. Lacan, Séminaire Le sinthome (1975-1976), 9 mars 1976, Paris, Le Seuil, 2005

– Jacques Lacan. Conférence à Nice, 24 janvier 1976

– S. Freud, « Le fétichisme », dans La Vie sexuelle, Paris, PUF, 1969, p. 133.

Michèle Jung, 20 décembre 2013

Humeur joyeuse…

http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/3/3f/Origin-of-the-World.jpg/280px-Origin-of-the-World.jpgJe ne résiste pas au plaisir de vous raconter cette anecdote, envoyée à Cy Jung le 2 mai 2001, et retrouvée dans un de mes dossiers ce matin.

Comme d’aucuns le savent L’origine du monde de Courbet — qui a été longtemps la propriété de Lacan — est maintenant au Musée d’Orsay. Une Italienne (le fait qu’elle soit italienne, c’est-à-dire pas de langue française, lui donne quelques circonstances atténuantes, mais elle aurait pu avoir une autre nationalité et les mêmes circonstances atténuantes), une Italienne donc regarde ce tableau.

La personne qui l’accompagne lui dit qu’il a appartenu à Lacan et ajoute : « Vous connaissez Lacan ? ». « Jacques Lacan ?, dit-elle, oui je connais, mais ce n’est pas toujours évident d’y voir clair dans sa peinture ! »

Sublime, forcément sublime, et Lacan aurait aimé.

Michèle Jung, 17 juin 2012

« Entre rêve et création…

"Apnée" de Joëlle Louise Molina ©

…  le fil rouge de l’infantile ? »

Un colloque initié par « Le Point de Capiton ». Un colloque au cours duquel il m’a d’abord fallu sculpter l’espace avec les corps qui étaient là — dans cette immense salle de théâtre — puis inscrire une forme dans l’espace que j’allais occuper, et enfin m’installer — comme une petite cousette sous la verrière d’une maison de haute couture, pour faire « point de capiton ». Belle métaphore pour une discutante qui devait pointer le moment par lequel, en certains endroits privilégiés des interventions, le signifiant se nouait au signifié pour donner naissance à une signification, tout en faisant question ! Une ponctuation, en somme, comme dans la cure.

Faire « point de capiton » ! Retour à Jacques Lacan qui, pour l’illustrer, nous rappelle d’abord le célèbre schéma de Ferdinand de Saussure, où le flot parallèle du signifiant et du signifié, distincts, sont voués à un perpétuel glissement l’un sur l’autre.

D.R.

Avancer dans ce retour à Lacan (notamment dans Le Séminaire. Livre III sur « Les psychoses ») qui, le 6 juin 1956, forge l’image d’une technique de matelassier — celle dite du point de capiton — puisqu’il faut bien, pour que se produise un effet de sens, « qu’en quelque point, le tissu de l’un s’attache au tissu de l’autre ». C’est ce point, autour de quoi doit s’exercer toute analyse concrète du discours, qu’il appelle le point de capiton.

D.R.

J’eus besoin — à la place où j’étais — d’un instrument scripteur et d’un bloc-notes pour m’aider à fixer mon attention en permanence : point de rhétorique ! Au fil de cette écoute : désir d’aimer, de partager, de s’éblouir avec… En contrepartie, l’amer constat de la difficulté. Un mot et son contraire. Une image et son envers. Point de bourdon ! Tout entendre — comme l’analyste, « d’une oreille à l’autre » — d’une écriture qui ne parvient plus à saisir la réalité avec le regard simplificateur de l’habitude, d’une écriture corporelle dont l’esprit se trouve happé par des mots qui — au même titre que les sons qui les caractérisent — participent du mouvement. Je remarquai que cette fragmentation, démon de l’éphémère, révélait la cohérence d’une pensée et, seul ce qui était soi-même en train de se constituer chez moi pouvait rencontrer le corps du texte de l’autre.

Alors dans ce texte, les mots, à l’intersection du croisement de la pensée et du corps, furent moins enclins à trahir ce qu’ils avaient pour but ultime de dire, gérés par l’acte du scribe que j’étais, acte en mouvement dans cet espace chorégraphié par un autre, au un par un.

C’est environ au deuxième tiers du colloque qu’une intervention, pour moi, fit point de capiton. Je veux parler d’une intervention à deux voix, celle de Caroline Sagot-Duvauroux et celle de Danièle Ors-Hagen… En quoi ce point de capiton faisait-il point de fuite et non point de mire ? Par effets de miroir, ces deux artistes oralisaient leur propre texte. Il y avait un pliage dans les « anamorphoses » langagières de Caroline Sagot-Duvauroux, pliage qu’il fallait déplier pour choir dans le miroir courbe de la voix de Danièle Ors-Hagen… et vice-versa.

Et comme Alice au pays des merveilles, je traversai le miroir pour atteindre les représentations de ce monde merveilleux où les mots parlent, où des sons érudits envahissent l’espace, et où les signifiants s’agrafent et se graphient pour nous faire toucher à l’origine de l’écriture : l’écriture originelle, die ursprüngliche Schrift, d’abord oralité, d’abord acoustique, d’abord souffle enlevé par un battement, puis énergie travaillée en images jouant la partition de nos mythes, dans l’esthétique du chant diphonique remarquablement maîtrisé par Danièle Ors-Hagen.

Les effets acoustiques ont embué le miroir et je suis restée bouche bée — « fassungslos » —, témoin de ce qui était en acte, là où le sens faisant « point de capiton », il ne restait plus rien à dire.

Michèle Jung
Avignon 23 novembre 2011

Psychoanalytisches Seminar 2009-2010

Menhir de Lacan - Photo : phgila.free.fr

Rückschlag…

Ein Vorschlag von Michèle Jung für eine Arbeitsgruppe

(Die Praxis der deutschen Sprache ist unerlässlich)

Traduction française

Wir dachten, unser Übersetzungsproblem von « comme », im Aphorismus von Lacan : « L’inconscient est structuré comme un langage » gelöst zu haben (cf Synthese der vorigen Seminare). Wir denken es immer noch.

Vor kurzem sind wir einer anderen Übersetzung in einem Text von Roger Hofman und Mitarbeitern begegnet : « Übertragung – Übersetzung – Überlieferung ». Wir wollen diesen Text aufmerksam lesen — und sicherlich andere, die sich anbieten werden – um die Debatte offen zu lassen. Sagen wir es gleich : diese Autoren übersetzen « comme » mit « wie », während wir es mit « als  » übersetzen.

Für uns stellt sich das Problem der Analyse der Lacan-Rezeption in Deutschland und in anderen europäischen Ländern. Anders gesagt : was heißt Lacan übersetzen ?

Dieses Seminar findet jeden dritten Montag im Monat bei Michèle Jung in Avignon (Frankreich) statt.

Erste Sitzung am Montag 18. Januar 2010 um 20 Uhr

Contact : Michèle Jung
06 82 57 36 68
michele.jung@kleist.fr


Synthèse
6 Arbeitsitzungen/Januar-Juni

Weil wir uns Fragen stellen über die Rezeption von Lacan in Deutschland und in den anderen europäischen Ländern, haben wir an einem Text von Roger Hofman und Mitarbeitern gearbeitet : « Übertragung – Übersetzung – Überlieferung » (Vortrag anläßlich der Tagung der  » Generalstände der Psychoanalyse « , im Juli 2010, an der Sorbonne, in Paris).

Dieser Text, dessen genauer Titel Übertragung – Übersetzung – Überlieferung. Zur Kulturtheoretischen und diskursanalytischen Bedeutung des Verhältnisses von Sprache, Schrift und Unbewußtem lautet, zeigt die Schwierigkeiten, Lacan zu übersetzen, und zwar in Anbetracht folgender drei Dimensionen : der Übertragung (subjektive, klinische Dimension), der Übersetzung (textuelle, hermeneutische Dimension) und der Überlieferung ( soziale und kulturelle Dimension).

Er zeigt auch, dass die Verzögerung der Lacan-Rezeption in Deutschland und anderen europäischen Ländern — abgesehen von der Schwierigkeit des Textes selbst ; den Übersetzungsproblemen ; den Schwierigkeiten, sich gewisse Sitzungen von Seminaren zu verschaffen ; den sehr heftigen Debatten, die sich daraus ergeben ; der Art und Weise der Verschriftlichung — eng mit den Widerständen von J.A Miller und denjenigen des offiziellen Verlegers verbunden ist.

Die Problematik — oder Kunst — der Übersetzung betrifft die schwierige Frage der Transkription des gesprochenen Wortes in den Seminaren Lacans. Daraus folgt, dass jedes Übersetzen von einer Sprache in eine andere den übersetzten Text auf verschiedene Deutungen hin öffnet, was ihn dank der Möglichkeiten und Unmöglichkeiten der Zielsprache verschiebt und so eine Differenz produziert, die das « Original » auf andere, neue Weise lesbar macht.

Die theoriegeschichtliche Rekonstruktion des Werkes von Lacan, die sich idealiter auf den Zeitraum von 1926 bis 1981 beziehen müsste, hat neben der schwierigen Lage der Editions -und Übersetzungspraxis mit weiteren « zerstreuten » Formen der Überlieferung zu tun, Gerade in Deutschland seit Mitte der 70er Jahre.

Aber für uns ging es nicht um diese Frage, wir wollten entdecken, warum unsere Autoren den Aphorismus von Lacan : « das Unbewußte ist struktuiert wie eine Sprache » so übersetzt hatten. Es gibt keine Erklärung. Die Psychoanalytiker interessieren sich sicher für die Sprache, aber man assimiliert sie zu Unrecht mit den Sprachwissenschaftlern, da sie sich nur für die Grenze interessieren, worüber die Sprache stolpert. Das ist es, was unser Interesse an der Übersetzung dieses Aphorismus in die deutsche Sprache erweckt hat. Wir waren über « comme » gestolpert…
(Cf. http://www.kleist.fr/psychoanalytisches-seminar-saison-2007-2008/)

Für uns bleibt diese Frage der Übersetzung weiterhin gestellt. Es wird das Thema unseres Seminars 2010-2011 sein. Dieses Seminar wird mit einer Reise anfangen… einer « richtigen » Reise nach Bregenz, wo sich die Archive von Lacan befinden…

Wir haben mit den folgenden Texten gearbeitet :

Übertragung – Übersetzung – Überlieferung. Zur Kulturtheoretischen und diskursanalytischen Bedeutung des Verhältnisses von Sprache, Schrift und Unbewußtem. Roger Hofman, Suzanne Lüdemann, Manfred Riepe, Gerhard Schmitz, Marianne Schuller, Georg Christoph Tholen. Paru en 2001, 442 Seite. ISBN 978-3-933127-74-7
– Jacques Lacan. Séminaire V. Les formations de l’inconscient. 1957-1958. Séances du 6 novembre 1957 et du 15 janvier 1958.
– Jacques Lacan. « Conférence à Genève sur le symptôme », prononcée le 4 octobre 1975, dans le cadre d’un week-end de travail organisé par la Société suisse de psychanalyse. In : Bloc-notes de la psychanalyse, 1985, n° 5, pages 5 à 23.
– J.-D. Nasio. Cinq leçons sur la théorie de Jacques Lacan. Petite Bibliothèque Payot, Paris, 1994, pages 15 à 94.

« Nous allons donc continuer ce que je fais ici,
un ici qui est toujours au même temps, ici ou ailleurs »
,
(Jeden dritten Montag Abend des Monats, und dies seit sechs Jahren)


Séminaire en Avignon, saison 2009-2010

Rebondissement…

Proposition de Michèle Jung pour un groupe de travail

(La pratique de la langue allemande est indispensable)

Deutsche Übersetzung

Annonce

Nous pensions avoir résolu notre problème de traduction de « comme », dans l’aphorisme de Lacan : «L’inconscient est structuré comme un langage» (cf synthèse des Séminaires précédents). Nous le pensons toujours.

Pour avoir récemment rencontré une autre traduction dans un texte de Roger Hofman et collaborateurs : «Übertragung – Übersetzung – Überlieferung», nous souhaitons lire attentivement ce texte — et certainement d’autres qui s’imposeront à nous — histoire de laisser le débat ouvert. Disons-le d’entrée, ces auteurs traduisent «comme» par «wie», alors que nous le traduisons par «als».

Pour nous se pose le problème de la réception de Lacan en Allemagne et dans les autres pays européens. Autrement dit : que signifie traduire Lacan ?

Ce séminaire a lieu chaque troisième lundi du mois, chez Michèle Jung, en Avignon.

Première séance, le lundi 18 janvier 2010 à 20 heures.
Contact : Michèle Jung
06 82 57 36 68
michele.jung@kleist.fr

Synthèse des 6 séances de Janvier à juin

Nous avons — parce que nous nous interrogeons sur la réception de Lacan en Allemagne et dans les autres pays européens — travaillé sur un texte de Roger Hofman et collaborateurs : « Übertragung – Übersetzung – Überlieferung » : un exposé donné lors des « États généraux de la psychanalyse », en juillet 2010, à La Sorbonne à Paris.

Ce texte, dont le titre exact est : Übertragung – Übersetzung – Überlieferung. Zur Kulturtheoretischen und diskursanalytischen Bedeutung des Verhältnisses von Sprache, Schrift und Unbewußtem, révèle les difficultés à traduire Lacan eu égards aux trois dimensions suivantes : die Übertragung (dimension subjective, clinique), die Übersetzung (dimension textuelle, herméneutique) et die Überlieferung (dimension sociale et culturelle).

Il révèle également que le retard apporté à la réception de Lacan en Allemagne et autres pays européens — outre les difficultés du texte lui-même, les difficultés à le traduire, les difficultés à se procurer certaines séances, les débats virulents qui en découlent, le mode de transcription — est intimement lié aux résistances de J.A. Miller et à celles de l’éditeur officiel.

La problématique — ou plutôt l’art — de la traduction concerne la question difficile de la transcription des mots prononcés dans les Séminaires de Lacan. Il en découle que chaque traduction d’une langue dans une autre, l’ouvre à d’autres significations grâce aux possibilités et aux impossibilités de la langue visée, et produit un décalage qui permet de lire le texte original d’une autre façon.

La reconstitution historique de la théorie de l’œuvre Jacques Lacan, qui idéalement devait se référer à la période de 1926 à 1981, a — à côté de la situation difficile des maisons d’édition et de traduction — à voir avec la dispersion des formes de la traduction dans sa dimension sociale et culturelle (Überlieferung), particulièrement en Allemagne depuis le milieu des années 70.

Mais pour nous la question n’était pas là. Nous pensions découvrir pourquoi nos auteurs avaient traduit l’aphorisme de Lacan par « das Unbewußte ist struktuiert wie eine Sprache ». Rien qui puisse l’expliquer. Les psychanalystes certes s’intéressent au langage, et on les assimile à tort aux linguistes, mais ils s’intéressent seulement à la limite où le langage bute. C’est ce qui nous a questionné dans la traduction, en allemand, de cette aphorisme. C’est sur «comme» que nous avions buté…
(Cf : http://www.kleist.fr/comment-traduire-en-allemand-linconscient-est-structure-comme-un-langage-jacques-lacan-letourdit/)

Cette question de la traduction reste posée pour nous. Nous en ferons le thème de notre Séminaire 2010-2011. Ce Séminaire commencera par un voyage… un « vrai » voyage avec déplacement dans l’espace, un déplacement à Bregenz où se trouvent les archives de Lacan.

Nous avons travaillé sur les textes suivants :

Übertragung – Übersetzung – Überlieferung. Zur Kulturtheoretischen und diskursanalytischen Bedeutung des Verhältnisses von Sprache, Schrift und Unbewußtem. Roger Hofman, Suzanne Lüdemann, Manfred Riepe, Gerhard Schmitz, Marianne Schuller, Georg Christoph Tholen. Paru en 2001, 442 Seite. ISBN 978-3-933127-74-7
– Jacques Lacan. Séminaire V. Les formations de l’inconscient. 1957-1958. Séances du 6 novembre 1957 et du 15 janvier 1958.
– Jacques Lacan. « Conférence à Genève sur le symptôme », prononcée le 4 octobre 1975, dans le cadre d’un week-end de travail organisé par la Société suisse de psychanalyse. In : Bloc-notes de la psychanalyse, 1985, n° 5, pages 5 à 23.
– J.-D. Nasio. Cinq leçons sur la théorie de Jacques Lacan. Petite Bibliothèque Payot, Paris, 1994, pages 15 à 94.

« Nous allons donc continuer ce que je fais ici,
un ici qui est toujours au même temps, ici ou ailleurs »
,
le 3e lundi soir du mois, à vingt heures depuis six ans.

Wie kann man auf Deutsch übersetzen : « L’inconscient est structuré comme un langage » (Jacques LACAN – L’étourdi)

Photo : Philippe Asselin

Psychoanalytisches Seminar 2005 – 2006
Ein Vorschlag von Michèle JUNG für eine Arbeitsgruppe

Version française

In “ L’étourdit ” (Autres écrits, Seuil 2001, p449-495), sagt Jacques Lacan :

L’inconscient est structuré comme un langage ”,

Wie kann man diesen satz auf Deutsch ûbersetzen ?

Das Bindewort (die Konjonktion oder das Adverb) “ comme ” stellt ein Problem dar, weil man es mit “ wie ” oder mit “ als ” übersetzen kann. Und dem gemäß… ist die Bedeutung nicht dieselbe ! Dieses Jahr will ich in meinem Seminar diese Arbeit unternehmen — um dem Stil und der Absicht Lacans möglichst treu zu bleiben, wenn er diesen Satz äußert.

Erste Sitzung am Montag 9. Januar 2006 um 20 Uhr

338, avenue Louis Abric – 34400 Lunel (Frankreich)

Wir werden mit den folgenden Texten arbeiten :

  • “ L’Étourdit ” 1972, in : Scilicet 4, Le Seuil 1973, ou in : Jacques Lacan. Autres écrits, page 449.*
  • “ Fonction et champ de la parole et du langage en psychanalyse ” 1953, in : Écrits, page 237.
  • “ Position de l’inconscient ” 1960, in : Écrits, page 829
  • “ L’instance de la lettre dans l’inconscient ou la raison depuis Freud ” 1957, in : Écrits, page 493
  • “ Die Sprache und das Ding, Freud und Lacan ”. Hans-Dieter Gondek.
  • Und anderen …

Synthese der Arbeit

von Januar bis Juni 2006, das heißt 6 Sitzungen

Folgende Personen haben ihre Betrachtungen mitgebracht : Ricardo Avenburg, Psychoanalytiker (Buenos Aires) ; Jean-Pierre Bourgeron, Psychoanalytiker (Paris) ; Michel Luciani, Professor-Agrégé für Deutsch (Paris) ; August Ruhs, Mitbegründer der « Neuen Wiener Gruppe/Lacan-Schule » (Vienne).

Zuerst haben wir über einen Text gearbeitet, den uns August Ruhs geschickt hat : « Die Sprache und das Ding » von Hans-Dieter Gondek[1]. Die Seiten 12 und 13 stellen die Frage der Übersetzung : wie könnte man in diesem Satz von Lacan das Wort « comme » übersetzen ? Mit « wie, oder mit « als » ?

Wenn Dieter Gondek sagt : « Und die Unterscheidung von Wortvorstellung und Sachvorstellung mit all ihren Implikationen erweckt unmittelbar den Eindruck, daß für Freud das Vorbewußte und das Bewußtsein sprachlich, das Unbewußte dagegen nicht-sprachlich seien, was ja wohl der vielzitierten These Lacans, das UnbewuBte sei struktuiert wie eine Sprache, widersprechen dürfte». So stimmt seine Bemerkung mit dem Text von Jean-Pierre Bourgeron überein. Jean-Pierre Bourgeron schreibt mir : « Ich glaube nicht, daß das Unbewußte wie eine Sprache struktuiert ist. Lacan hat immer das Unbewußte und das Vorbewußte verwechselt. Es gab eine Zeit, wo ich mit Logikern gearbeitet habe, um herauszufinden, ob ein formelles System existiert, um die unbewußten Mechanismen zu bestimmen. Nach jahrelanger Forschung sind wir zum Schluß gekommen, daß kein logisches System über das System des Unbewußten Rechenschaft ablegen konnte. Die Mechanismen des Ich, die teilweise unbewußt sind, können mit Mechanismen der Sprache verglichen werden ; was aber das Unbewußte betrifft, so ist dies ein melting pot, wo alles möglich ist, folglich ohne Struktur ».

Dies stimmt auch damit überein, was Ricardo Avenburg in seinem Brief vom 11. Januar 2006 ausführt. Zuerst analysiert er unseren Vorschlag mit einer sehr feinen Betrachtung der Möglichkeit oder Unmöglichkeit « wie » oder « als » in der Sprache zu benutzen. Dann stellt er eine grundsetzliche Frage : « Von welchem Unbewußten spricht man hier ? Vom verdrängten (dynamischen) Unbewußten ? Vom « sistémique » Unbewußten ? (das eigentliche Unbewußte) ? Ich stelle mir vor, daß es sich nicht um das beschreibende Unbewußte handelt, das das Vorbewußte mit umfasst… Eine prächtige argumentierte Analyse, die ihn zu dieser Synthese führt: « Das Unbewußte ist wie eine Sprache strukturiert », sagt Lacan ; ich sage lieber : « Der psychische Apparat wird durch die Strukturierung verschiedener Sprachniveaus und seine teilweise Destrukturierung mittels Verdrängung gebildet. »

Michel Luciani, stellt diese Übersetzung von Renate Weberberger vor : « Das Unbewusste ist strukturiert wie eine Sprache » und die seinige : « Das Unbewusste hat die Struktur einer Sprache ». Er fügt hinzu: « So vermeiden wir die Qual der Wahl, nämlich das Problem der Unterscheidung zwischen « als » und « wie », wobei, wie mir scheint, der Inhalt doch eigentlich korrekt wiedergegeben wird. Ich bin mir darüber im klaren, dass das Wort « structuré » raffinierter als durch « Struktur » übersetzt werden kann. So mag dieser Übersetzungsvorschlag als erster Ansatz/Versuch angesehen werden. »

Warum nicht. Wir wollen die Schwierigkeiten aber nicht umgehen. Wir denken, daß diese Suche nach der passenden Übersetzung — durch die Überlegung, die Lektüre und den Austausch, die sie uns abverlangt — uns erlaubt, dem Gedanken Lacans am nächsten zu sein, wenn er diesen Satz ausspricht.

Am Ende dieses Studienjahres werden wir uns damit begnügen, was Lacan selbst über seine Äußerung gesagt hat : « Mein Sagen, daß « l’inconscient est structuré comme un langage » liegt nicht in dem Bereich der Linguistik. Es ist eine offene Tür auf das hin, was Sie in der nächsten Nummer meiner gut bekannten Nicht-Zeitschrift L’Étourdit — d,i,t — lesen können. Eine offene Tür für diesen Satz, den ich letztes Jahr mehrmals an die Tafel geschrieben habe, ohne ihm eine Erklärung zu geben — was man sagt, bleibt vergessen hinter dem, was gesagt wird, in dem was man hört.

Dies wird für dieses Jahr genügen. Das nächste Jahr planen wir, auf der Basis des Briefs von Ricardo Avenburg und von ihm empfehlenen Lektüre, weitergehen.

Wenn Sie gerne an dieser Arbeit teilnehmen, andere Vorschläge machen, oder einfach reagieren wollen… Das Seminar wird im Januar 2007 weitergehen, in Lunel (Frankreich). Bitte sagen Sie nicht: Oh ! Das ist in der Provinz! Nein, es ist in der Region! In der Région Languedoc-Roussillon…

Michèle Jung

Lunel le 1er octobre 2006


[1] Gondek ist eine der wichtigsten Lacan-Übersetzer derzeit.

Comment traduire en Allemand : « L’inconscient est structuré comme un langage » (Jacques LACAN – L’étourdit)

Jacques Lacan

Séminaire à Lunel 2005 – 2006

Deutsche Übersetzung

Annonce

 

Dans “ L’étourdit ” (Autres écrits, Seuil 2001, p449-495), Jacques Lacan dit :

L’inconscient est structuré comme un langage ”,

Comment traduire cette phrase en allemand ?

C’est le mot “ comme ” qui fait problème car on peut le traduire soit par “ wie ”, soit par “ als ” et, selon… cela prend un relief différent ! Je souhaite, pour tenter d’être au plus près du style et de la pensée de Lacan lorsqu’il prononce cette phrase, entamer ce travail de réflexion cette année dans mon séminaire.

Il a lieu le 2e lundi du mois chez Michèle Jung, à LUNEL (Hérault), 338 avenue Louis Abric, à 18, 20 ou 21 heures (à définir avec les participants).

Première séance le lundi 9 janvier 2006 à 20 heures

Le travail se fera à partir des textes suivants :

  • “ L’Étourdit ” 1972, in : Scilicet 4, Le Seuil 1973, ou in : Jacques Lacan. Autres écrits, page 449.*
  • “ Fonction et champ de la parole et du langage en psychanalyse ” 1953, in : Écrits, page 237.
  • “ Position de l’inconscient ” 1960, in : Écrits, page 829
  • “ L’instance de la lettre dans l’inconscient ou la raison depuis Freud ” 1957, in : Écrits, page 493
  • “ Die Sprache und das Ding, Freud und Lacan ”. Hans-Dieter Gondek.

Synthèse du travail effectué

de janvier à Juin 2006, 6 séances

Ont apporté leur réflexion : Ricardo Avenburg, Psychanalyste (Buenos Aires) ; Jean-Pierre Bourgeron, psychanalyste (Paris) ; Michel Luciani, Professeur agrégé d’allemand (Paris) ; Univ.-Prof. Dr. August Ruhs, Co-fondateur du « Neuen Wiener Gruppe/Lacan-Schule » (Vienne).

Nous avons d’abord travaillé à la traduction d’un texte envoyé par August Ruhs : « Die Sprache und das Ding » de Hans-Dieter Gondek[1]. Les pages 12 et 13 posent la question de la traduction du « comme » de cette phrase par « wie » ou par « als ».

Quand Hans-Dieter Gondek écrit : « Und die Unterscheidung von Wortvorstellung und Sachvorstellung mit all ihren Implikationen erweckt unmittelbar den Eindruck, daß für Freud das Vorbewußte und das Bewußtsein sprachlich, das Unbewußte dagegen nicht-sprachlich seien, was ja wohl der vielzitierten These Lacans, das UnbewuBte sei struktuiert wie eine Sprache, widersprechen dürfte»[2], sa remarque rejoint celle de Jean-Pierre Bourgeron qui nous écrit : « Je ne crois pas que l’inconscient soit structuré comme un langage. Lacan a toujours confondu inconscient et préconscient. Il fut un temps où j’ai travaillé avec des logiciens pour essayer de voir s’il y avait un système formel pour définir les mécanismes inconscients. Après des années de recherche, nous en avons conclu qu’aucun système logique ne pouvait rendre compte du système inconscient. Les mécanismes du moi, en partie inconscients, peuvent être comparés à des mécanismes du langage, mais, quant à l’inconscient, c’est un melting-pot où tout est possible, donc sans structure ».

Elle rejoint aussi ce que Ricardo Avenburg expose dans son courrier du 11 janvier 2006. Il analyse d’abord notre proposition par une approche très fine des possibilités ou des impossibilités d’utiliser « wie » ou « als » dans la langue. Il pose une question fondamentale : « De quel insconscient parle-t-on ici ? De l’inconscient dynamique (refoulé) ? De l’inconscient systémique (l’inconscient proprement dit, qui dépend de la structure) ? J’imagine qu’il ne s’agit pas de l’inconscient descriptif qui comprend le préconscient… » Superbe analyse argumentée qui le mène à cette synthèse : « L’inconscient est structuré comme un langage », moi, je préfère dire : « L’appareil psychique est constitué par la structuration de divers niveaux de langages et sa partielle déstructuration par le refoulement. »

Michel Luciani, propose cette traduction de Renate Weberberger : « Das Unbewusste ist strukturiert wie eine Sprache », et la sienne : « Das Unbewusste hat die Struktur einer Sprache ». Il ajoute : « Ainsi, nous évitons le problème du choix, et plus précisément le problème de la distinction entre « als » et « wie » tout en traduisant le contenu — me semble-t-il — de façon correcte. Naturellement, il est clair que le mot structuré est plus raffiné que structure. Cette proposition de traduction est à considérer comme une première tentative.

Bien sûr. Mais nous ne cherchons pas à éluder la difficulté. Nous souhaitons que cette recherche de traduction — par la réflexion, les lectures, les échanges qu’elle impose — nous permette de nous approcher au plus près de la pensée de Lacan quand il prononce cette phrase.

En cette fin d’année universitaire, nous allons nous contenter de ce que Lacan dit lui-même de son propos : « Mon dire que l’inconscient est structuré comme un langage, n’est pas du champ de la linguistique. C’est une porte ouverte sur ce que vous verrez commenter dans le texte qui paraîtra dans le prochain numéro de mon bien connu apériodique sous le titre L’Étourdit — d,i,t — une porte ouverte sur cette phrase que j’ai l’année dernière à plusieurs reprises, écrite au tableau sans jamais lui donner de développement — Qu’on dise reste oublié derrière ce qui se dit dans ce qui s’entend »[3].

Ce sera tout pour cette année. L’an prochain, nous projetons de travailler sur la lettre de Ricardo Avenburg et les lectures qu’il conseille.

Si vous souhaitez vous associer à ce travail, ou faire d’autres propositions, ou simplement réagir… Le Séminaire reprendra en janvier 2007, à Lunel (34) et ne dites pas : Oh ! C’est en province ! Non, c’est en Région ! Le Languedoc-Roussillon…

Michèle Jung

Lunel, le 1er octobre 2006


[1] Gondek est le traducteur (le plus reconnu) de Lacan en allemand.

[2] Et la distinction entre Wortvorstellung et Sachvorstellung fait naître l’idée que, pour Freud, le préconscient et le conscient seraient langagiers, que l’inconscient — par contre — ne le serait pas. Ce qui viendrait contredire la thèse de Lacan souvent citée : « L’inconscient est structuré comme un langage » (page 12).

[3] Jacques Lacan. Encore. Le Séminaire, livre XX. Page 20.

La perversion dans l’écriture de Heinrich von Kleist

La perversion dans l’écriture de Heinrich von Kleist[1]

Michèle Jung

Contribution aux États généraux de la psychanalyse, Paris, La Sorbonne du 8 au 11 juillet 2000.

Deutsche Übersetzung

Cette recherche est le fruit de longues années de préoccupation et de fascination pour l’œuvre de cet auteur et pour le personnage énigmatique qui se profile à travers elle, en particulier à travers l’œuvre théâtrale. Le corpus de l’étude comprend également la correspondance de l’auteur, ses textes théoriques et littéraires.

L’objet de cette thèse était de mettre en évidence les traits de perversion dans l’écriture de Heinrich von Kleist. De la même façon que la proximité de Jacques Lacan avec les écrivains surréalistes lui a permis d’étayer sa théorie suivant laquelle l’inconscient est structuré comme un langage, une étude de l’écriture de Kleist, à la lumière des dernières recherches psychanalytiques relatives à la perversion, était de nature à fournir des exemples pratiques : nous avons pu établir, dans la vie et dans l’écriture de Kleist, l’existence de nombreux traits cliniques relevant d’une structure perverse. Une longue étude sur Kleist, réalisée par Sadger en 1909 pour Les Minutes du Mercredi, est la pierre angulaire de cette mise en application.

Cette perspective de recherche – qui opte donc pour une approche structurale de la perversion – permet d’introduire le rapport de l’être au signifiant et d’aborder la question de son langage. Elle donne accès à l’analyse de son écriture, de sa langue, dans un espace qui se situe au carrefour de la littérature, de la linguistique et de la psychanalyse : un phénomène aussi complexe que la création littéraire exige nécessairement plusieurs modes d’approche.

Dans notre première partie, après un exposé des appuis conceptuels freudiens en matière de perversion et de leur prolongement chez Lacan, nous avons examiné les rapports du pervers à la Loi pour voir comment l’écriture peut être un outil de compréhension de la réalité de l’auteur.

Nous avons démontré qu’il existe, dans le processus pervers, une dynamique qui pousse ces sujets – entre autre – à la transgression des règles et des normes établies, une stratégie limite qu’ils déploient à l’endroit de la Loi et de la symbolisation, un mode structural qu’ils trouvent pour déplacer le lieu de la jouissance. Freud définit la sublimation comme un changement de but de la pulsion, une dérivation vers un autre but, non sexuel et socialement plus valorisé. Le poète, lui, va organiser sa vie pulsionnelle dans l’écriture qui devient un acte nécessaire, une exigence vitale.

Après avoir défini la perversion comme un mode d’organisation psychique – une structure – où les rapports au langage sont fondamentalement pervertis ; après avoir montré les rapports que le pervers entretient avec la Loi, nous avons émis l’hypothèse que Kleist avait tous les atouts dans son jeu – le « Je » de la parole ? – pour se structurer sur le mode pervers. Et si l’écriture, comme nous l’avons montré également, est de nature à porter des traits de perversion, il convenait d’examiner si tel était le cas dans l’écriture de Kleist. Mais il ne s’agissait pas de faire une psychanalyse de l’auteur, il s’agissait de voir les schémas inconscients et les fantasmes qui étaient à l’œuvre dans ses textes : l’intrigue étant la transposition de son fantasme, le style exprimant ses défenses.

La seconde partie étudie alors le théâtre de Kleist pour y repérer les thèmes récurrents et obsédants, et mettre en évidence leur contenu pervers.

Cette perversion lui permet de sortir du sillon jusque-là tracé, de dé-lirer, de construire des ouvertures articulatoires dans le texte. Et, dans ce déséquilibre, l’évanouissement – la syncope – prend toute sa dimension perverse : un clivage (la fameuse Spaltung) s’opère au sein du champ de conscience et permet au personnage de Penthésilée, par exemple, de passer, lors de cette éclipse cérébrale, de l’autre côté du miroir. C’est dans la stratégie de ces franchissements qu’ Heinrich von Kleist s’offre le bénéfice de sa jouissance, mais alors, comment va-t-il se situer par rapport à l’aliénation signifiante de l’écriture ?

Ceci fera l’objet de la troisième partie qui est un travail sur le rapport de Kleist au langage. Il y est démontré comment le style, incomparable et inimitable, est l’homme lui-même et est fondé sur un comportement pervers qui se caractérise par l’inacceptation des normes habituelles organisatrices de l’ordre social : le pervers, en effet, cherche constamment à contourner la Loi, cette Loi qu’il lui faut détruire pour pouvoir créer. Kleist l’illustre de manière magistrale dans son écriture.

Dans cette analyse, la question du lien entre les traits linguistiques caractérisant l’écriture de Kleist – entre ses « particularités », nous disons volontairement « Besonderheiten » – et la structure perverse, est clairement posée : le rapport du pervers à la Loi est analysé dans toutes les transgressions, déviances et distorsions, au niveau de la grammaire et de la rhétorique, dans l’ingéniosité de l’articulation des mots, dans le rythme de la prosodie, dans l’utilisation des figures rhétoriques, l’opacité de la lettre, la matérialité du signifiant, ses surprises anagrammatiques et le jeu éperdu du mot d’esprit.

Dans l’écriture dramaturgique – et pour reprendre l’exemple de Penthésilée – ce qui se passe transgresse à tel point les normes, les règles, ce qui se passe est à tel point « ungeheuerlich » (extraordinaire, monstrueux) que cela relève du jamais vu, du non représentable et l’expression de cette « Ungeheuerlichkeit » est confiée à la parole, à la langue qui devient le lieu où peuvent s’articuler les déviances et les distorsions. Pour ce faire, elle doit à son tour devenir « ungeheuerlich », à savoir : du jamais entendu. Toutes les particularités relevées dans cette recherche sont significatives d’un combat dont toute « l’énormité » (Ungeheuerlichkeit) défie toutes les règles. C’est pour tenter de « rejoindre la méprise[2] en son lieu »[3], en ce lieu de langage où, précisément, se situe l’écriture : là où nous sommes joués. La correspondance, également, révèle, tant dans les thèmes que dans l’écriture, une langue en perpétuel déséquilibre. Ce déséquilibre, c’est un dé-lire. Mais ce délire là n’est pas un délire pathologique, un délire de domination et de maîtrise, un délire qui clôt, organise et circonscrit : il est un délire roboratif qui déterritorialise, ouvre tout ce qu’il touche et le fait se recomposer selon d’autres intensités ou d’autres relations de voisinage. La langue alors, tendue à sa limite, laisse entrer la vie. derrière cet épais rideau, le drame surgit et les choses bougent, entrent dans le champ de conscience : « (…) Tout n’est pas encore résolu, mais le dé est jeté… », dit Kleist à Wilhelmine von Zenge le 13 septembre 1800.

Dans les annexes, on trouve un choix de textes-clefs qui permettent d’appréhender l’environnement dans lequel Kleist a produit ses oeuvres, ainsi qu’une importante bibliographie contenant – dans des éditions françaises ou allemandes – des références à des ouvrages littéraires, stylistiques, psychanalytiques et de technique théâtrale.

Au-delà du cas Kleist, la thèse pose la question du lien entre structure psychique de l’auteur et création artistique, l’écriture étant envisagée comme outil de sublimation jusqu’à révéler la face cachée de l’auteur, de l’homme. Mais « Le style c’est l’homme… à qui l’on s’adresse ? » écrivait Jacques Lacan. Nous avons effectivement préféré – en conclusion – parler d’éthique perverse plutôt que de comportement pervers : la perversion est une manière de s’exprimer pour pouvoir exister. Façon de dire qu’il n’existe pas d’écriture autonome – la contrainte venant autant du destinataire que du producteur -, et qu’un style touche aux révolutions de la culture.

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[1] « Die Perversion in der Schreibweise von Heinrich von Kleist »

[2] La méprise, pour Jacques Lacan, c’est la tromperie de l’inconscient qui se manifeste dans la langue.

[3] Jacques Lacan. Séminaire du 9-4-1974, inédit.