Séminaire en Avignon, saison 2008 – 2009

Photo : Philippe Asselin

Proposition de Michèle Jung pour un groupe de travail

Deutsche Ubersetzung

Annonce

En 2006, souhaitant traduire (en allemand) cet aphorisme de Lacan : « L’inconscient est structuré comme un langage », nous avons — au terme d’une réflexion collective — choisi de traduire « comme » par « als » et non par « wie ». « Comme » étant le mot qui faisait question.

En 2007, les apports de chacun ont déplacé notre attention sur le mot « inconscient ». Et — à cette place là de l’aphorisme — s’est imposé le terme « préconscient ». C’est sur ce terme, et uniquement, que nous avons travaillé en 2008.

Dans le chapitre : « Die Vieldeutigkeit des Unbewußten und der topische Gesichtpunkt » de Zur Technik der Psychoanalyse und zur Metapsychologie, nous avons retenu une définition satisfaisante (à ce stade du travail) du Préconscient, donnée par Freud lui-même.

C’est sur ce document — et à partir du chapitre VI : « Der Verkehr der beiden Systeme » — que nous poursuivrons notre lecture cette année 2009.

Ce Séminaire aura lieu le 3ème lundi du mois à Avignon (Vaucluse), à 20 heures

Première séance le lundi 19 janvier 2009

Contact : Michèle Jung – 06 82 57 36 68 – michele.jung@kleist.fr

Nous travaillerons sur les textes suivants :

  • Zur Technik der Psychoanalyse und zur Metapsychologie. Internationaler Psychoanalytischer Verlag. Leipzig, Wien, Zürich, 1924. 275 pages.
  • Aus den Anfängen der Psychoanalyse. Brief an Wilhelm Fließ, du 6 décembre 1896.
  • Entre autres…

La pratique de la langue allemande est indispensable.

Synthèse du travail effectué

de janvier à juin 2009, 6 séances

Comme nous l’avions annoncé dans la présentation de notre Séminaire 2009, nous avons continué à travailler — au plus près de la langue de Freud — la distinction qu’il fait entre préconscient et inconscient. Restait à lire et à commenter le dernier chapitre de Zur Technik der Psychoanalyse und zur Metapsychologie[1], à savoir le chapitre VII : « Die Agnosierung des Unbewußten » (L’identification de l’inconscient).

L’introduction des notions de «Sachvorstellung ou Dingvorstellung », comme on préfère, et de « Wortvorstellung» nous a permis de comprendre en quoi une représentation consciente se différencie d’une représentation inconsciente. « L’une et l’autre ne sont pas, écrit Freud, comme nous l’avons estimé, des inscriptions distinctes du même contenu en des lieux psychiques distincts, ni non plus des états d’investissement fonctionnels distincts au même lieu, mais la représentation consciente comprend la représentation de chose plus la représentation de mot afférente, l’inconsciente est la représentation de la chose seule (die Unbewußte ist die Sachvorstellung allein) ».

Et alors… tout naturellement, tout simplement, « le système Pcs apparaît du fait de cette représentation de chose est surinvestie de et par la connexion avec les représentations de mot lui correspondant. Ce sont, nous pouvons le présumer, ces surinvestissements qui entraînent une organisation psychique supérieure, et qui rendent possible le relais du processus primaire par le processus secondaire régnant dans le Pcs. (…) La représentation non saisie en mots, ou l’acte psychique non surinvesti restent alors en arrière dans l’Ics, en tant que refoulés ».

Pour clore définitivement ce sujet, nous dirons que si « L’inconscient est structuré comme un langage », c’est certainement de l’inconscient descriptif — qui comprend le préconscient — dont il s’agit, et pas de l’inconscient refoulé.

En parodiant Freud, je dirai : « Si nous avons effectivement identifié l’Ics et déterminé correctement la différence d’une représentation inconsciente d’avec une préconsciente, nos investigations de cette année n’auront pas été vaines ».

Michèle Jung

Avignon, le 20 décembre 2009

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[1] Internationaler Psychoanalytischer Verlag. Leipzig, Wien, Zürich, 1924, pages 232 à 241.

Psychoanalytisches Seminar, Saison 2008-2009

"Aura", Skulptur von Erwin C. Klinzer

Ein Vorschlag von Michèle JUNG für eine Arbeitsgruppe

Version française

Im Jahre 2006 haben wir diesen Aphorismus von Lacan in Deutsch übersetzen wollen : « L’inconscient est structuré comme un langage ». Aus einer gemeinsamen Überlegung heraus haben wir uns entschieden, « comme » mit « als » und nicht mit « wie » zu übersetzen. « Comme » war das Wort, das in Frage gestellt war.

Im Jahre 2007 haben die Beiträge eines jeden unsere Aufmerksamkeit auf das Wort «inconscient » umgelenkt. Und — an diesem Platz des Aphorismus — hat sich der Begriff « préconscient » aufgedrängt, und wir haben im Jahre 2008 nur mit diesem Begriff gearbeitet.

Im Kapitel « Die Vieldeutigkeit des Unbewußten und der topische Gesichtpunkt » von Zur Technik der Psychoanalyse und zur Metapsychologie, haben wir eine befriedigende Definition des « Vorbewußten » (für heute) akzeptiert. Sie war von Freud selbst gegeben.

Ab Januar 2009 werden wir unsere Lektüre ab dem VI. Kapitel : « Der Verkehr der beiden Systeme » wiederaufnehmen.

Dieses Seminar findet jeden dritten Montag im Monat bei Michèle Jung in Avignon (Frankreich) statt.

Erste Sitzung am Montag 19. Januar 2009 um 20 Uhr.

Contact : Michèle Jung – 06 82 57 36 68 – michele.jung@kleist.fr

Wir werden mit den folgenden Texten arbeiten :

  • Zur Technik der Psychoanalyse und zur Metapsychologie. Internationaler Psychoanalytischer Verlag. Leipzig, Wien, Zürich, 1924. 275 pages.
  • Aus den Anfängen der Psychoanalyse. Brief an Wilhelm Fließ, du 6 décembre 1896.
  • Und andere…

Zusammenfassung – Seminar 2009

6 Arbeitsitzungen/Januar-Juni

Wie bei der Vorstellung unseres für das Jahr 2009 vorgesehenen Seminars angekündigt, haben wir – um der Sprache Freuds so nah wie möglich zu bleiben – weiter an der Differenzierung zwischen dem Vorbewußten und dem Unbewußten gearbeitet. Es blieb noch das letzte Kapitel von Zur Technik der Psychoanalyse und zur Metapsychologie zu lesen und zu kommentieren, nämlich Kapitel VII: « Die Agnosierung des Unbewußten ».

Die Einführung der Begriffe « Sachvorstellung oder Dingvorstellung », und « Wortvorstellung » hat uns ermöglicht zu verstehen, wodurch sich eine bewußte Vorstellung von einer unbewußten unterscheidet. « Die beiden sind nicht, schreibt Freud, wie wir gemeint haben, verschiedene Niederschriften desselben Inhaltes an verschiedenen psychischen Orten, auch nicht verschiedene funktionnelle Besetzungszustände an demselben Orte, sondern die bewußte Vorstellung umfaßt die Sachvorstellung plus der zugehörigen Wortvorstellung allein ».

Und dann… ganz natürlich, ganz einfach, « das System Vbw entsteht, indem diese Sachvorstellung durch die verknüpfung mit den ihr entsprechenden Wortvorstellungen übersetzt wird. Solche Überbesetzungen, können wir vermuten, sind es, welche eine höhere psychische Organisation herbeiführen und die Allösung des Primärvorganges durch den im Vbw herrschenden Sekundärvorgang ermöglichen. (…) Die nicht in Worte gefaßte Vorstellung oder der nicht übersetzte psychische Akt bleibt dann im Ubw als verdrängt zurück ».

Um dieses Thema endgültig abzuschließen, können wir sagen : wenn « das Unbewußte als (eine) Sprache struktuiert ist », handelt es sicher um das beschreibende Unbewußte — welches das Vorbewußte mit umfaßt — und nicht um das verdrängte Unbewußte.

Freud parodierend, würde ich sagen : « Wenn wir wirklich das Ubw agnosiert und den Unterschied einer unbewußten Vorstellung von einer vorbewußten richtig bestimmt haben, so werden unsere Untersuchungen… » dieses Jahres nicht vergeblich gewesen sein.

Michèle Jung

Avignon, le 20 décembre 2009

Lire Kleist

« Portrait de Kleist » – André Masson, 1939 © ADAGP, Paris 1996

Ma lecture de Heinrich von Kleist (1777-1811) est le fruit de longues années de fascination pour son œuvre et pour le personnage énigmatique qui se profile à travers elle, en particulier à travers l’œuvre théâtrale. Cette lecture donne accès à l’analyse de son écriture, de sa langue, dans un espace qui se situe au carrefour de la littérature, de la linguistique et de la psychanalyse…

Ma Recherche

La pierre angulaire de ma recherche sur l’écriture de Heinrich von Kleist est un texte de 65 pages d’Isidor Sadger (du 5 mai 1909), publié dans Grenzfragen des Nerven-und-Seelenlebens.

Cette recherche s’est déroulée en trois étapes :

1989 : Heinrich von Kleist par l’École de Comédiens de Nanterre-Amandiers. Cette recherche a été effectuée avec les classes de Pierre Romans et Patrice Chéreau, de Nanterre au Festival de Berlin en passant par leur résidence à la Chartreuse de Villeneuve-les-Avignon et le Festival d’Automne à Paris de cette année-là. (Mémoire de maîtrise, université Paul Valéry, Montpellier)

1992 : La Penthésilée de Kleist ou la perversion d’une tragédie. Cette seconde recherche a été menée à partir de vingt-cinq mises en scène de Penthésilée, en Europe, de 1945 à 1992. (Mémoire de DEA, université Paul Valéry, Montpellier)

1996 : La perversion dans l’écriture de Heinrich von Kleist. Ce travail a consisté en une analyse de l’écriture (Schreibweise) de Kleist à partir d’une grille psychanalytique appliquée à l’intégralité de son œuvre. (Thèse de doctorat, université Paul Valéry, Montpellier)

Les conférences

Les ateliers

  • En Mars et en avril 2006, « Chantier Penthésilée » prend toute sa place dans le cadre d’une manifestation plus générale intitulée « Radical » et qui regroupe danse, musique et théâtre.
  • « Du texte à la représentation » : Conférence à l’Espace Pier Paolo Pasolini (Valenciennes) le 2 avril dans le cadre de « A l’endroit A l’envers – Matériau-Penthésilée 2005 ».
  • « Représenter l’irreprésentable » à propos de Penthésilée d’après Heinrich Von Kleist. Colloque à l’Espace Pier Paolo Pasolini (Valenciennes) le 27 mars 2004.

Heinrich von Kleist

Mes publications

  • « La perversion dans l’écriture de Heinrich von Kleist » 1998
  • Michèle Jung « Die Perversion in der Schreibweise Heinrich von Kleists » : Beiträge zur Kleist-Forschung. Kleist- Gedenk- und Forschungsstätte Frankfurt (Oder), 1998, Seiten 207-211.
  • Collectif « Lire Kleist aujourd’hui » : Actes du colloque franco-allemand 20-21-22 novembre 1996. Montpellier (France). Éditions Climats.

La belle ouvrage…

À la fin de Tartuffe, on doit supposer — pour que soit barrée la route du pire — un monarque instruit de toute chose et plein de discernement… Histoire d’entrer en scène ‘’en majesté’’ ! Jean-Claude Fall le fit ici pour nous, dans ce lieu, le 1er janvier 1998.

Le théâtre est grec, le spectacle est romain. Le modèle du spectacle romain, c’est les combats des barbares s’entre-tuant dans l’arène, et l’essence du théâtre grec, c’est la représentation des Perses, dix ans après un épisode historique (Salamine en 480). Dans cette pièce, Eschyle, le poète grec, demande à ses concitoyens de s’intéresser aux vaincus, à la défaite des Perses. D’un côté, la guerre et la peur de la guerre, la fureur et le spectacle des avatars ; de l’autre, la guerre en ce qu’elle fait l’objet d’une ré-appropriation politique. Le théâtre est l’affaire de la Cité et des citoyens, les spectacles sont affaire de clientèle (électorale entre autres).

Tous ces prolégomènes pour situer l’espace stratégique où s’inscrit le CDN-Théâtre des Treize Vents, avec à sa tête Jean-Claude Fall. (J’ai bien dit ‘’l’espace ‘’, parce que l’espace n’est pas seulement un lieu). Dans cet espace, les armes de Jean-Claude Fall ont été ses créations personnelles — avec sa Compagnie, et la programmation qu’il a faite dans le lieu lui même pour poser cet acte citoyen. Il s’y est engagé avec une équipe, ce fut une aventure artistique et… politique, au sens le plus noble du terme.

Victor Scoradet, un auteur/traducteur Roumain, me disait lorsque je l’ai rencontré au Théâtre de Bucarest (j’étais avec Mihaï Maniutiu et nous travaillions sur L’Oubli de Georges Banu) : ‘’Le public ne va pas au théâtre pour oublier le monde où il vit, mais pour le comprendre ‘’. Vous comprendrez donc, ou, mieux dit : C’est ce que j’ai compris en suivant fidèlement, et pour mon plus grand plaisir, les 13 Saisons (des 13 Vents !) de Jean-Claude Fall jusqu’à ce jour.

Aujourd’hui, c’est 2009. Jean-Claude Fall va quitter ‘’Grammont ‘’. Il faut savoir terminer. Au long de ses mandats successifs, il a travaillé à être juste — au sens kleistien du terme. Pour ceux qui n’auraient pas lu Kleist et qui voudraient en savoir plus… rendez-vous dans la soirée, je ne voudrais pas alourdir mon propos.

Bon, Jean-Claude Fall tourne la page, soyons sympas : ne jetons pas le livre ! Car, pour lui, au jour d’aujourd’hui, c’est à dire demain, il s’agit de ‘’se refaire un monde, de hasarder un monde — fût-il fabuleux — en jetant les dés à l’extrême ‘’. Le fil est bandé, il sera fil d’Ariane ou corde raide, et… nous n’en doutons pas : source d’inspiration.

La Penthésilée de Heinrich von Kleist

Photo : Philippe Asselin

« Les après-midi de Fonseca »

Médiathèque J.L. Barrault (Avignon)

Le jeudi 12 novembre 2009

Dans Penthesilea, Kleist imagine un épisode fictif de la Guerre de Troie : Penthésilée et ses Amazones — rompant annuellement leur vœu de chasteté à l’occasion de la Fête des Roses — viennent semer le désordre dans les rangs des combattants grecs et troyens. Fondant à la tête de son peuple sur la troupe des guerriers grecs, la reine des Amazones tombe amoureuse de leur chef, Achille. Mais sa fierté et son devoir d’Amazone lui imposent de vaincre son ennemi avant de l’aimer. Sa mère, Otréré, lui avait dit sur son lit de mort :

« Ô vierge des combats, tu ne connaîtras l’homme que captif ou vaincu. »

Au terme d’un combat singulier, dans le lit tumultueux de la bataille, la reine des Amazones

« aidée de sa meute, déchire celui qu’elle aime et le dévore, poil et peau, jusqu’au bout. »

Mais… « n’ayez pas peur, » dit l’auteur dans sa correspondance, « c’est tout à fait lisible ». Marie von Kleist lit la pièce et exprime son sentiment à son cousin. Celui-ci lui répond :

« Tout ce que vous m’écrivez sur Penthésilée me touche au-delà de toute expression. C’est vrai, j’y ai mis tout le fond de mon être (…), à la fois toute la souillure et tout l’éclat de mon âme. » (Dresde, fin de l’automne 1807)

Qu’est-ce qui peut fasciner dans cette tragédie incandescente où Kleist a mis le plus intime de lui-même ? Qu’est-ce qui a pu attirer le lecteur dans ces miroirs — scintillants « comme le saphir et la chrysolithe », illuminés par « la splendeur éblouissante d’Achille, tout revêtu d’airain » ?

Au cours de ces dernières années, nous avons pu suivre six mises en scène ou en espace de Penthésilée :

Matériau-Penthésilée, (2003-2006), à l’Espace Pier Paolo Pasolini, à Valenciennes, par le Collectif Théâtral du Hainaut, dirigé par Nathalie Le Corre et Philippe Asselin.

Faites-les fleurir sous votre bouche, création d’Isabelle Esposito pour la compagnie : « Les semeurs », dans le cadre du Festival de danse « Les jalouses », à l’Étoile du Nord à Paris, en mai 2004.

Pour Penthésilée, une mise en scène d’Éric Lacascade pour La Comédie de Caen en 2005, avec Daria Lippi.

Scènes de chasse, d’après Penthésilée, opéra de René Koering, présenté en création mondiale au Corum, à Montpellier, en mars 2008.

« Brille, scintille et brûle… », par Valérie Paüs, le 23 novembre 2008, au Théâtre Roquille (Avignon).

« Programme Penthésilée-Entraînement pour la bataille finale », de Lina Pros, traduit de l’italien par Jean-Paul Manganaro, le 28 novembre 2008, une mise en lecture publique proposée par le Bureau des Lecteurs de la Comédie Française.

C’est en nous appuyant sur ces manifestations, et sur notre thèse de doctorat : La perversion de l’écriture de H. von Kleist (1996) que nous traiterons ce sujet. Nos propos seront illustrés par des photos de spectacles, et par de la musique de Hugo Wolf, de Othmar Schoeck et de René Koering.

Michèle Jung

Avignon, octobre 2009

Un salon allemand …

Photo : Pierre Salles

Rencontres littéraires de Ceccano

Médiathèque Ceccano

16 mai 2009 – 16 h 30

… une promenade au bord du Rhin …

Un salon allemand au début du XIXe siècle… une promenade au bord du Rhin… quelques heures durant lesquelles sont réunis Clemens Brentano, Bettina von Arnim, Savigny et d’autres illustres de l’intelligentsia allemande de l’époque. Parmi eux, Caroline von Günderrode et Heinrich von Kleist (1777-1811), deux êtres déchirés. Deux histoires qui nous permettent de faire émerger, dans ce tableau, celle particulière de Kleist.

Pourquoi lui ?

Heinrich von Kleist, pour les profanes, est perçu aujourd’hui comme notre contemporain. C’est intimement lié à la création de Jean Vilar en 1951 : à cette date, il monte Le Prince de Hombourg avec Gérard Philippe, dans la Cour d’Honneur, à l’occasion du Ve Festival d’Avignon.

Depuis cette date, l’intérêt pour Kleist n’a pas cessé. Ses huit pièces ont été régulièrement jouées sur les scènes françaises…

Récemment, nous avons pu en voir quatre: La Marquise d’O [1] , La Cruche cassée [2] , La Petite Catherine de Heilbronn [3] et Penthésilée [4] .

Par ailleurs, un opéra est présenté en création mondiale au Corum, à Montpellier, en mars 2008, c’est celui de René Koering : Scènes de chasse, d’après Penthésilée.

le 23 novembre 2008, les élèves du Conservatoire d’Art dramatique du Grand-Avignon, présentent un extrait de Penthésilée.

Le 28 novembre 2008, le Bureau des Lecteurs de la Comédie Française propose une mise en lecture publique de : Programme Penthésilée-Entraînement pour la bataille finale, de Lina Pros, traduit de l’italien par Jean-Paul Manganaro, afin de faire trouver le chemin du plateau à cette pièce.

Cet automne, Françoise Maimone met en scène Le Prince de Hombourg au Théâtre Astrée, à Villeurbanne.

D’où vient cet engouement, cette « Kleistmania » comme le titrait la presse théâtrale ?

En 1976, Günter Kunert, un écrivain de RDA, est chargé de prononcer un discours pour le bi-centenaire de la naissance de Kleist (Oui, contemporain de Gœthe !). Le titre de son intervention : « Heinrich von Kleist : un modèle » [5] :

Aujourd’hui, son destin nous offre tout à coup quelque chose comme un miroir où nous reconnaissons — tout à la fois distancés et soulignés par l’histoire — nos caractères et nos mots.

En exergue de son livre : Aucun lieu, nulle part — paru chez Alinéa en 1987, Christa Wolf cite cette pensée de Kleist : « Je porte en moi un cœur, comme un pays du Nord la graine d’un fruit exotique. Il ne cesse de germer, sans jamais pouvoir mûrir ».

Y aurait-il actuellement un terrain qui permette à cette « graine » de croître ? Tout ce que nous venons de citer en est-il le témoin ? Témoin de quoi ? C’est ce dont je pourrai « témoigner » dans cette conférence, que je me permets de vous proposer.

Michèle Jung

Avignon, décembre 2008

Bibliographie succinte :

  • Heinrich von Kleist. Michael Kohlhaas et autres nouvelles (dont « La Marquise d’O »). Ed. Phébus, Paris, 1983.
  • Joachim Maass. Heinrich von Kleist. Payot, Paris, 1989.
  • Heinrich von Kleist. Penthésilée. Traduction de Julien Gracq. Ed. José Corti, 1954.
  • Heinrich von Kleist. Correspondance complète, 1793-1811. Gallimard, 1976.
  • Stefan Zweig. Combat avec le démon (Kleist, Hölderlin, Nietsche). Belfond, 1983.
  • Anne Wiazemsky. Canines. Gallimard, 1993.
  • Caroline von Günderrode, La faim, nous l’appelons amour.

[1] Mise en scène de Lukas Hemleb au TPG de Saint-Denis.

[2] Mise en scène de Frédéric Garcia-Bélier, CDN d’Anger.

[3] Mise en scène André Engel. Il avait fait une mise en scène remarquée de Penthésilée en 1981

[4] Mise en scène de Jean Limier à la Comédie Française.

[5] In : Théâtre/Public n° 20, p. 9-11.

Die Ur-Mutter

Photo : Michèle Jung

Die Ur-Mutter…
La mère originelle…
Als erste Frau…
Die Ur-Mutter der Holzzeit.…

Wer sind wir ?

Woher kommen wir ?

Nach Erkenntnissen von Genforschern und Paleoanthropologen stammen alle Menschen von einer einzigen Frau ab.

Der genetische Stammbaum, der als Grenzbaum 200 Jahre in Kärnten gewachsen ist, hat den Künstler zum Ur-Sprung zurückgefahren.

Er, der Künstler, weiß jetzt : die Ur-Mutter lebte vor etwa 150 000 Jahren in Afrika. Seine Darstellung greift das in Afrika immer wiederkehrende Motiv der Ur-Mutter auf. Diese Darstellung ist nicht abstrahiert sondern surreal.

Im ersten Betrachtungsmoment fühlt man sich überwältigt. Erst auf den zweiten Blick erkennt man den eigentümlichen Reiz der Bildhauerei. Sie ist der Ur-Sprung selbst.

Das weiseste Weib der Welt… Orakel oder Prophetin… Seherin… Zweifellos Übernatürlich… Übermenschliche Natur…

Jetzt wohnt sie im Erdreich, im Schoß der Welt am Ufer des Wörthersees. Dort herrscht sie in einen allwissenden Schlaf. In diesem wissenden Schlaf bringt sie die Geschichte von Schuld und Sühne träumend hervor. Eine Lebensweisheit fließt aus der Verletzung…

Aus dem Mund der Gebärmutter entstammt die Ur-Mutter. Eine Verbindung geht von ihr aus zu den Männern, die eines Tages ein Seil um die Welt-Lärche geschlungen haben und dadurch den Ur-Sinn der Welt besingen.

Die Ur-Mutter — diese der Künste — ist Sinnbild für die Einheit von Geburt und Tod.

Also, die Kunst… Wenn sie der Ur-sprung der Welt wäre… Sie, die Kunst ins weibliche Geschlecht verkehrt, in dieser Parole unter dem Niveau der Mutter… Ursprung der Welt, in ihrem Verlust und ihrem Wiederfinden…

Also, die Kunst… dieser Ort ohne Ort, am Rande des ur-geschichtlichen Loches… Ur-Szene.

Dr. Phil. Michèle Jung

Avignon, novembre 2008

Sumatra … mai 93

Photo : Jean-Michel Porzyc

Photographie sans titre…

mais située… à Sumatra. Et datée de… mai 93.

La relation que chaque être humain entretient avec l’art demeure une affaire personnelle : il y va du retour à l’origine. Du retour à l’origine… ? À l’originel ? Alors, paysage originel… Oui, si l’on peut dire que « Les espaces originels, ce sont les espaces sentimentaux par quoi nous sommes attachés au monde, les isthmes de mémoire ». Paysage originel… Oui, si photographier, c’est déjà être dans la nostalgie…

Ces considérations posées… Écoute de l’analyste — jamais absolument certaine de comprendre — qui s’impose inlassablement une écriture, avec l’idée et l’espoir d’une lumière venant d’une trace première, toujours déjà là, exposée à être conquise de force, fracturée, rayée. Puis, désir d’écrire pour se dé-prendre de la fascination de l’objet photographié. Pour tenter de dire, de donner, de vous donner — moi aussi — quelque chose, chose de ce “ quelque ” qui n’est pas rien, même si mon ignorance de ce que je vais écrire est grande, quasi nécessaire, voire salutaire. Pas de deux… pas à pas… dans un monologue.

L’exercice est périlleux quand on veut sortir de… « J’aime », « Je n’aime pas », « C’est très intéressant », voire “ Somptueux !”, ou encore « Votre photo m’interpelle… ». Expressions qui vous laissent Gros-Jean comme devant — lui, comme moi !

Mais quelle oreille pourrait entendre ce qui se dit sans parole ? Et l’on se demande : cet autre, obscur, que me veut-il ? Quelle est cette autre part de moi-même qui se dérobe ? L’autre ne répond pas, puisque sa force c’est son point d’opacité.

Alors ? Surtout, ne pas chercher à comprendre, se laisser guider — puis séduire — par les indices donnés, vaciller dans les absences, voire les trous noirs, se laisser piéger, essuyer les embruns… En somme, agir en conformité avec son désir.

Cette photo ne signifie pas et ne représente pas. Elle indique l’existence d’un objet dont elle est la trace réelle. Une trace. Réellement affectée par cet objet. Trace, ou empreinte de l’objet photographié ? Trace de quoi ? Qu’est-ce que le développement du négatif a révélé au photographe qu’il n’avait pas vu ? Un irreprésentable auquel l’agrandissement de la photo a donné forme, dirais-je.

L’écriture de l’analyse est comparable au travail du négatif, d’autant plus que l’exclusion mutuelle de la mémoire et de la conscience ouvre la voie à faire de celle-là le négatif de celle-ci.

Revenons à notre objet. Il est là, posé. inerte dans sa beauté. Statique, et pourtant ça bouge. Il attend. Rien n’altère sa patience. Beaucoup de noirs, des gris clairs et quelques noirs profonds… Noir et blanc. Si, du blanc, aussi. Écriture de lumière. Belle exposition. Deuil impossible. Étrange temporalité.

Voilà ce que je peux écrire aujourd’hui, écrire noir sur blanc, tag d’avant les mots, empreintes de mots qui n’arrivent pas complètement à dire ce qui se perçoit… l’écorce d’un rêve.

Michèle Jung

Avignon, mai 2008

Das Paradies is verriegelt …

Heinrich von Kleist

Conférence à la Maison de Heidelberg

8 mars 2008

Conférence donnée à l’occasion de la première mondiale de l’Opéra Scènes de Chasse de René Koering présenté les 7 et 9 mars à l’Opéra Berlioz

« Le paradis est verrouillé et le chérubin derrière nous ; il nous faut faire le voyage autour du monde, afin de voir si derrière il n’y aurait pas quelque part, une autre ouverture. » (Heinrich von Kleist, Sur le théâtre de marionnettes, 1810).

Voyager autour du monde… avec René Koering… ? Quelle promesse ! Ce sera la nôtre au long de cette conférence. A la recherche d’une autre entrée sur le Paradis, en sondant la voie tracée par le poète Heinrich von Kleist avec sa Penthesilea.

Die Kunst als Objekt

 

Anne Vanier Drüssel

Préface à la déclinaison des r i B osome

les éditions l’Indice Pensable – 2007

L’objet de l’art…

Die Kunst als Objekt …

Psychanalyse et — eSt — Art. Mit dem Einschieben vom S des Signifikanten findet eine Umkehrung der vorgeschlagenen Figur statt. Wenn wir dieses hörbare S hören, was können wir daraus ableiten — für uns — wenn wir uns an diese Schreibarbeit machen, eine SchreibArt, die in der Hörmuschel des Betrachters Form annehmen kann. Die fünfeckige Harmonie dieser fünften Ausführung von Wandbüchern von Künstlern — Quint-essenz — ersetzt das sternförmige Sechseck der Zelle aus Wachs, die die Biene braucht[1]… Ohrenschmalz, Grund eines Nicht-Hören-Könnens, wenn man weiß, daß « ihr langsames Verstehen zeigt, wieviel Ohrenschmalz sie davon trennt, das gehörte zu assimilieren». Wachsschicht des « Wunderblocks », der die Spur eines verlorenen Textes ans Licht bringt, eines — an der Tiefe der Gravierungen in das Wachs, in den durchlöcherten Untergrund — gemessenen Textes.

Also, das Zuhören der Analytikerin, die nie ganz sicher ist zu verstehen, die sich unermüdlich zwingt, Graphien zu zeichnen, mit dem Gedanken und der Hoffnung auf ein Licht, das von einer Urspur kommt — die schon immer da war und die Gefahr läuft, erzwungen, aufgebrochen, geebnet zu werden.

Art et — eSt — (psych)Analyse. Angekündigte Umkehrung. Den Ausdruck umkehren, um sich allen Freudschen Analysen der Schaffensprozesse, der Gültigkeit seiner analytischen Methode zu entziehen. Methode, die seine Ansichten über das Unbewußte und den Traum zu bestätigen sucht. Wenn Freud in der Traumdeutung vom « Die Träume vom Tod teurer Personen » spricht, analysiert er « Œdipus von Sophokles », von dem er sagt : « Die Handlung des Stückes besteht nun in nichts anderem als in der schrittweise gesteigerten und kunstvoll verzögerten Enthüllung — der Arbeit einer Psychoanalyse vergleichbar »[2]. Das werden die Anderen sehr gut besorgen. Wir kehren zu unserem Thema zurück, denn Groß ist die Diana der Epheser.

Als ob er fürchtete dieser stummen liebensversprechenden Urmutter zu begegnen, die vom Gürtel bis zu den Füßen mit Stierhoden geschmückt ist, bleibt Freud im Hintergrund, als er 1911, ein Jahr nach Eine Kindheitserinnerung des Leonardo da Vinci, diese Fußnote schreibt. Dem Werk gegenüber gesteht er inkompetent zu sein, um das Wesen der Kunst als etwas zu definieren, was « dem verbotenen Begehren eine schöne Form gibt». Er bleibt vorsichtig am Rand des Schönen.

Die schaffende Allmacht dieser mütterlichen Göttin könnte uns — vielleicht ? — mitten in eine Überlegung zur Kunst führen. Das Wort ist gefallen : Kunst — K-U-N-S-T — aber nicht definiert. Umso besser. « Also die Kunst… Zusatz, Kunstgriff an der Liebesverleugnung, die das Subjekt vom Vater erhofft ». Kunst… Kunstgriff… Ein einziges Wort auf deutsch : die Kunst. Maskulinum im Französichen, Femininum im Deutschen. « Sie », die Kunst ins weibliche Geschlecht verkehrt. Roter Faden, der zur Mutter, zum Begehren der Mutter führt. Also, wird dieses Wort « Kunst» kein unveränderter Begriff bleiben. Er (Sie) wird uns wach halten. Also, über die Kunst spechen…

Die Kunst : eine Ethik. Die Ethik der Psychoanalyse. Das Seminar, Buch VII. Au Seuil, 1986. An der Schwelle des Begehrens, die es zu überschreiten gilt… Im Laufe dieses Seminars kommentiert Lacan das Schicksal des tragischen Helden, der durch die Antigone des Sophokles dargestellt wird. Antigone würde das darstellen, was die tragische Ethik der psychoanalytischen Erfahrung sein könnte : das Tun gemäß ihrem Begehren. « Es gibt ein bestimmtes Verhältnis des Schönen zum Begehren »[3] Mit dem Begehren der Mutter… Das Ding — das wir nur über die Sublimierung erreichen können. Die Sublimierung : eine absolute Wahl, eine Wahl, die von keinerlei Gut motiviert ist »[4]

Geben wir Anne Vanier-drüssel also « Plain-Chant », Anne Vanier-drüssel, die zeigt, daß die Formen Sinn produzieren, daß die Bedeutung des Textes sich nicht nur von der Sprache ableitet, und deren Veröffentlichungen stark daran erinnern, daß die Sinneffekte, die durch das Material hervorgerufen werden, im Zentrum der Spannungen und Kämpfe liegen, die — glaube ich — die symbolische Domination zum Ziel haben. Aus der Strategie dieser Überschreitungspunkte zieht Anne Vanier-drüssel ihren Genuß…

Michèle Jung

Avignon, octobre 2007


[1] Auf hebräisch kommt der Name der Biene (Dbure) aus der Wurzel Dbr : Wort. Die Bienen erlangen durch die Arbeit ihrer Lippen, die Mutterschaft ohne jedoch zu gebären.

 

[2] « La pièce n’est autre chose qu’une révélation progressive et subtilement différée — comparable à une psychanalyse ».

[3] Das Seminar, Buch VII. Seite 287.

[4] Seite 289.